La solution du FMI pour sauver 15 millions d’emplois en Europe: ‘Aider uniquement les entreprises solvables avant la pandémie’

Si les différentes mesures de soutien ont été très efficaces jusqu’ici, elles pourraient ne plus suffire. D’après le FMI, 15 millions d’emplois sont toujours menacés en Europe. L’institution conseille de changer la nature de ces aides… et de les apporter seulement aux entreprises qui en feront bon usage.

D’après le FMI, les aides apportées en Europe aux entreprises ont permis d’éviter des millions de faillites et la perte de 30 millions d’emplois. Les moratoires sur les remboursements de prêt et l’octroi de liquidités, parmi d’autres mesures, se sont avérés essentiels.

‘Dans une étude récente des services du FMI portant sur 26 pays européens (dont 21 États membres de l’Union européenne), nous estimons que sans ces aides publiques, la proportion d’entreprises illiquides aurait plus que doublé et celle des entreprises insolvables quasiment doublé à la fin 2020’, écrit le FMI sur son blog.

Poursuivre et modifier les aides

Même si l’on semble lentement voir le bout du tunnel grâce aux vaccins, ces mesures de soutien doivent se poursuivre cette année. Et changer de forme, analysent Alfred Kammer, directeur du département Europe du FMI, et Laura Papi, directrice adjointe de cette même branche.

Pour eux, les aides ne doivent désormais plus couvrir les besoins en liquidités des entreprises, mais bien leurs besoins en fonds propres (écart entre la dette et les actifs). Cela serait tout particulièrement nécessaire pour sauver les petites et très petites entreprises.

‘Il faudra environ 2 à 3% de PIB pour combler les déficits de fonds propres et apporter assez de capitaux aux entreprises pour les sortir d’affaire, en se concentrant uniquement sur celles qui étaient solvables avant la pandémie de COVID-19’, indique le FMI, qui plaide pour un mélange de soutien des secteurs publics et privés.

Sans de telles aides, ‘quelque 15 millions d’emplois sont menacés’.

Comment cibler les entreprises viables

Le FMI met en garde les États: ils ne doivent pas distribuer l’argent public n’importe comment. Avant tout, il faut ‘privilégier les aides en capital apportées aux entreprises qui ont de bonnes chances de survivre à la pandémie et diminuer les injections de liquidités qui creusent la dette’.

Il faut tout mettre en œuvre pour que ces mesures de soutien bénéficient aux entreprises qui en ont besoin et qui sauront comment s’en servir au mieux:

  • Eviter que les aides publiques ne soient plus attractives pour les mauvaises entreprises que pour les bonnes (effet d’antisélection).
  • Empêcher que les entreprises bénéficiaires soient mal gérées (risques d’abus).

Dans cette tâche de ciblage, les banques, qui connaissent leurs clients, peuvent se montrer très utiles. ‘Inciter les investisseurs privés à contribuer aux fonds propres réduit les risques d’abus’, ajoute le FMI.

À cet égard, l’institution cite la France en exemple. Son programme de prêts participatifs subordonnés met les banques au centre du jeu: celles-ci doivent choisir les entreprises viables et conserver une partie de ces prêts dans leurs bilans, ce qui garantit un partage des risques.

‘Avec des entreprises plus saines, l’Europe évitera de retomber dans un cercle vicieux entre secteur réel et secteur financier, et les entreprises assainies créeront surtout plus d’emplois’, conclut le FMI.

Quant aux entreprises sur la voie de la faillite, il faudra ‘privilégier des procédures de restructuration et d’insolvabilité extrajudiciaires’. Et aider les travailleurs ayant perdu leur emploi à se réinsérer dans ‘des secteurs en plein essor’.

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