La science lance une chasse mondiale aux personnes qui ont un « superpouvoir » contre le Covid, y compris en Belgique

Des dizaines de scientifiques du monde entier se lancent à la quête de personnes ayant potentiellement un « superpouvoir » contre le Covid-19. C’est-à-dire qui seraient génétiquement résistantes au virus. Une chasse compliquée mais prometteuse, à laquelle vous pouvez participer.

Depuis de nombreux mois, un consortium international de scientifiques s’attèle à décrypter tous les secrets du SARS-CoV-2, le virus à l’origine de la pandémie de Covid-19.

  • Son nom ? Le COVID Human Genetic Effort.
  • Sa composition ? Des dizaines de chercheurs, principalement spécialisés en immunologie et en génétique, issus du monde entier: des Etats-Unis à l’Australie, en passant par le Brésil, la Belgique ou encore la Chine.
  • Son objectif ? Découvrir les bases génétiques et immunologiques du SARS-CoV-2.
  • Leur base de travail ? Des personnes qui sont tombées malades (notamment celles qui ont été hospitalisées)… et d’autres qui semblent être totalement résistantes face au virus.

Bien sûr, trouver des personnes tombées (gravement) malades suite à une infection n’a malheureusement pas été très difficile. Maintenant, et c’est bien plus ardu, le consortium recherche des individus qui semblent génétiquement programmés pour ne jamais être infectés.

Déjà plus d’un millier de candidats

En analysant la génétique des personnes dotées d’une immunité naturelle face au SARS-CoV-2 (si, du moins, elles existent), les scientifiques espèrent que l’identification de ces gènes protecteurs conduise à la mise au point de médicaments bloquant le virus. Des produits qui, en plus de protéger les personnes contre la maladie, empêcheraient aussi la transmission du virus.

Avant de s’atteler à ces nombreuses tâches, le consortium doit mettre la main sur ces personnes a priori dotées d’un « superpouvoir » face au Covid-19. Et c’est déjà une mission très complexe en soi.

En premier lieu, l’équipe de scientifiques restreint la recherche aux personnes qui ont été exposées, sans protection, à une personne malade pendant une période prolongée, et qui n’ont pas été testées positives ou n’ont pas montré de réponse immunitaire contre le virus. Les principales cibles sont les couples dits discordants. C’est-à-dire les couples où l’un des partenaires a été testé positif, est tombé malade et a continué à partager son quotidien avec son conjoint… qui, lui, n’a pas été infecté.

Le consortium a déjà recruté quelque 500 candidats potentiels. Depuis deux semaines, suite à la publication d’un article sur le sujet dans la revue Nature immunologiy, 600 autres personnes se sont manifestées. Un enthousiasme qui a surpris et réjoui les scientifiques. Ceux-ci vont toutefois voir le nombre de sujets réellement intéressants se réduire considérablement lors des prochaines étapes.

En effet, il faudra prouver qu’un des partenaires est tombé malade et qu’il excrétait des doses élevées de virus « vivant » lorsque le couple interagissait étroitement. Et bien sûr, il faudra prouver que le partenaire apparemment jamais infecté s’est fait tester régulièrement. Sans oublier un autre « obstacle »: les vaccins, susceptibles de masquer toute résistance génétique au virus.

L’objectif est d’avoir 1.000 recrues. Mais « même si nous en identifions une seule, elle sera vraiment majeure », a assuré Evangelos Andreakos, immunologiste à la Fondation pour la recherche biomédicale de l’Académie d’Athènes.

Toutes les informations pour participer à l’étude en tant que patient sont disponibles ici.

Ça a déjà marché pour le sida

En marge de ce vaste projet, des enquêtes génétiques appelées études d’association pangénomique (GWAS) menées par d’autres chercheurs ont déjà donné quelques résultats intéressants. Ils ont parcouru l’ADN de dizaines de milliers de personnes à la recherche de modifications d’un seul nucléotide – qui n’ont généralement qu’un faible effet biologique – et ont identifié quelques candidats possibles associés à une moindre sensibilité à l’infection.

L’un d’entre eux se trouve dans le gène responsable du groupe sanguin de type O, mais son effet protecteur est faible, et la manière dont il est conféré n’est pas claire, estiment les chercheurs du COVID Human Genetic Effort.

Les chercheurs à l’origine du nouveau projet ont émis quelques hypothèses sur le type de mécanismes de résistance qu’ils pourraient trouver. Le plus évident pourrait être que certaines personnes ne possèdent pas de récepteur ACE2 fonctionnel, que le SRAS-CoV-2 utilise pour pénétrer dans les cellules.

Un mécanisme similaire a déjà été observé avec le VIH, le virus responsable du sida. Des travaux ont permis d’identifier une mutation rare qui désactive le récepteur CCR5 des globules blancs, empêchant ainsi le VIH de pénétrer dans ces derniers.

« Ces connaissances se sont avérées très utiles », a rappelé Mary Carrington, immunogénéticienne au laboratoire national de recherche sur le cancer de Frederick, à Bethesda, dans le Maryland. Elles ont conduit à la création d’une classe de médicaments bloquant le VIH et deux personnes ont apparemment été débarrassées du VIH après avoir reçu des greffes de moelle osseuse de donneurs possédant deux copies des gènes de résistance.

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