La plus grande expédition jamais réalisée en Arctique est terminée: les conclusions sont glaçantes

En septembre 2019, plusieurs centaines de chercheurs ont embarqué à bord du navire Polarstern en vue de mener une gigantesque mission en Arctique. Plus d’un an après, ils sont de retour. Leur constat est alarmant.

Le Polarstern accostera à son port d’attache de Bremerhaven, au Nord-Ouest de l’Allemagne, lundi. Coronavirus oblige, ce retour restera relativement discret. Mais les informations obtenues par l’équipée scientifique pendant plus d’un an vont s’avérer essentielles à une meilleure compréhension du réchauffement climatique. La région est en effet considérée comme ‘l’épicentre’ du phénomène.

Si les scientifiques n’ont évidemment pas encore livré les résultats de leur recherches, le chef de la mission a déjà levé un coin du voile. Ce qu’ils ont vu de la banquise n’augure rien de bon.

‘Nous avons vu de larges surfaces d’eau liquide quasiment jusqu’au pôle, entourées de glace qui était elle criblée de trous en raison d’une fonte massive’, a indiqué Markus Rex, avant de dresser un constat sans appel: ‘La banquise dans l’Arctique fond à une vitesse dramatique’.

Des constatations corroborées par des images de satellites américains, qui ont démontré que la banquise d’été avait fondu jusqu’à la deuxième superficie la plus petite jamais enregistrée, après 2012.

Des recherches menées tous azimuts

L’expédition, la plus grande jamais réalisée en Arctique, a mobilisé plusieurs centaines de chercheurs issus d’une vingtaine de pays différents. Après que leur brise-glace se soit laissé glisser parmi les glaces selon la dérive polaire, le Polarstern a été à un morceau de banquise. Ils ont établi un camp composé de quatre stations scientifiques dans un rayon allant jusqu’à 40 km autour du navire.

Pendant les 389 jours de leurs missions, les scientifiques se sont attelés à étudier à la fois l’atmosphère, l’océan, la banquise et l’écosystème. Les données récoltées doivent servir à évaluer l’impact du changement climatique non seulement sur la région, mais aussi sur la planète entière.

L’analyse de ces informations prendra un à deux ans. Elle permettra de mettre au point des modèles de prédiction du climat et d’ainsi estimer à quoi ressembleront les canicules, pluies diluviennes ou tempêtes des 20, 50 à 100 prochaines années.

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Une mission d’une ampleur jamais vue

Titanesque, cette mission, baptisée MOSAIC, a vu ses scientifiques évoluer dans des conditions extrêmes. Partis de Tromsø, en Norvège, ceux-ci ont dû vivre durant de longs mois dans l’obscurité la plus totale. Les températures ont chuté jusqu’à 39,5°C. Au printemps, la pandémie du Covid-19 a forcé les chercheurs à prolonger leur expédition de deux mois supplémentaires.

Radiance Clamer, l’une des membres de la mission, a rappelé à l’AFP l’importance d’obtenir des observations ‘in situ’ pour établir les modèles climatiques. Elle a également décrit comme ‘magique’ ses pas sur la banquise.

‘On peut la sentir bouger si on se concentre (…) C’est important de prendre le temps d’observer, de ne pas être uniquement focalisé sur son travail’, a-t-elle raconté.

Les chercheurs ne sont pas revenus les mains vides. Ils en ont profité pour ramener 1.100 carottes (échantillons) de glace.

Pour faire de MOSAIC une réussite, un budget de 140 millions d’euros a été mobilisé.

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