La zone euro vient de connaître un événement remarquable: l’Espagne a durablement dépassé l’Italie en termes de PIB par tête. Et ce n’est pas tant la vigueur de l’Espagne qui est en cause, que le déclin inexorable de l’Italie, soulignent les économistes.
Telles sont les conclusions du FMI, à l’issue d’un calcul des “parités de pouvoir d’achat” des différents pays de la zone euro. L’Institution a trouvé que le PIB par tête espagnol excède celui de l’Italie depuis 2017, alors que cette dernière était 10 % plus riche il y a une dizaine d’années. Pire, dans les 5 prochaines années, les Espagnols seront 7 % plus riches que les Italiens, et les citoyens de certains pays de l’ancien bloc soviétique, tels que les Slovaques et les Tchèques, seront plus riches que les Italiens.
Depuis le 16e siècle, les deux pays étaient toujours au coude à coude, en termes de PIB par tête. À la fin des années 1990, l’Italie – qui dispose de 15 millions d’habitants de plus que l’Espagne – avait une économie deux fois plus importante que celle de cette dernière. Mais désormais, cette différence n’est plus que de 50 %.
Le déclin de l’Italie
L’Italie, qui ne s’est jamais remise du passage à l’euro, a en effet entamé un déclin qui semble inexorable, en raison de sa dette abyssale, qui se monte à 132 % de son PIB, du vieillissement de sa population, du niveau de sa corruption, de sa bureaucratie, de sa faible productivité et du manque d’investissements d’infrastructure.
De son côté, depuis la crise financière, l’Espagne a réformé son marché du travail, et sur les 3 dernières années, elle a bénéficié d’une croissance plus dynamique que l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Depuis 2000, son PIB a crû de plus d’un tiers, alors que celui de l’Italie n’a progressé que très légèrement, et qu’il est encore inférieur de 6 % à son niveau de 2006.
Tandis que l’Espagne a attiré les investissements étrangers, le secteur industriel italien a fondu de 20 % depuis 2008. Dans 5 ans, l’Italie ne sera plus classée que 37e en termes de PIB par tête, alors qu’elle se classait encore 18e en 1997.
Une menace pour la zone euro
L’affaiblissement de l’Italie suggère qu’elle éprouvera de plus en plus de difficultés à rembourser ses dettes, et c’est toute la zone euro qui risque d’en subir les conséquences. C’est en substance ce qu’affirme Lieven Noppe, économiste en chef de KBC, lorsqu’il écrit dans une note aux investisseurs qu’à défaut d’améliorations économiques structurelles, l’Italie pose “une menace durable pour la zone euro”.