La crise du coronavirus fait craindre à certains États la non-mise en oeuvre du Green Deal qui doit mener le Vieux Continent vers la neutralité carbone en 2050. Le Danemark a adressé une lettre à l’exécutif européen et aux pays de l’UE pour réaffirmer son engagement en faveur du Pacte Vert. La Belgique est absente des signataires… À cause de qui vous savez.
La N-VA maintient sa ligne stricte au niveau européen. Pas question de donner son blanc-seing si facilement. Conséquence: la Belgique s’isole, aussi bien dans le dossier des fonds européens pour le coronavirus, que celui du Green Deal dernièrement.
En effet, les nationalistes flamands n’ont pas voulu signer la lettre soutenue par 12 États européens à l’initiative du Danemark. Le but était de réaffirmer les engagements de l’Europe vers le zéro carbone en 2050. Qui dit pas d’accord avec la N-VA, dit pas d’accord en Flandre, dit pas d’accord au fédéral: la Belgique, au centre des institutions, ne signera pas. Parmi les signataires, on retrouve pourtant le Danemark donc, la Suède, la Finlande, les Pays-Bas, l’Espagne, le Luxembourg, la France, l’Italie, le Portugal, la Slovénie, la Lettonie et l’Autriche.
Du moins ‘pas encore’, a déclaré Zuhal Démir (N-VA), ministre flamande de l’Environnement.
Mais qu’est-ce qui bloque? On sait les nationalistes parfois frileux sur la question écologique. L’économique a souvent eu la préséance. Mais comme pour les fonds corona, il s’agit plus ici de répartition.
‘La Flandre a besoin d’un meilleur accord’
Sur le site de la N-VA, Zuhal Démir s’en expliquait en février dernier. Les raisons vont bien au-delà de la signature d’une simple lettre. ‘L’Europe a vraiment perdu les pédales. Si la Commission européenne ne modifie pas ses propositions, le Green Deal for Flanders deviendra un Mean Deal.’
À nouveau, la ‘juste’ répartition des fonds européens est remise en cause: ‘Plus d’un quart du fonds va à la Pologne et seulement 0,9% à la Belgique. Par ailleurs, la Commission européenne exige que ces fonds belges soient affectés en priorité à la province wallonne du Hainaut. La Flandre perd deux fois: une fois en Europe et une fois vers le Hainaut. La Flandre a besoin d’un meilleur accord.’
Il y a aussi des raisons politiques. Le Vlaams Belang est désormais plébiscité comme premier parti de Flandre dans les derniers sondages. Il y règne un euroscepticisme qui ne se cache pas. La N-VA se dit sans doute qu’elle ne doit pas s’abandonner à l’Europe si facilement. Il lui faut montrer que la priorité, ce sont d’abord les Flamands. ‘Eerst onze mensen’, soit le slogan… du VB. Un pari risqué, la N-VA s’isole, les critiques fusent de partout, et pas seulement du côté francophone. Le parti de Bart De Wever manquerait-il un tournant dans la crise du coronavirus? La N-VA aurait pu montrer une gestion à la hauteur de la crise, mais elle n’est pas au fédéral. Le parti nationaliste est coincé entre deux chaises.
Pour en revenir au Green Deal, ‘la Belgique devient inaudible dans ces débats’, rapporte une source européenne au Soir. Trois ministres Ecolo tentent bien de mettre la pression, mais pour l’heure, pas de signature de la lettre, qui reste toutefois symbolique.
Mais plus concrètement, le Danemark craint ‘la tentation de solutions à court terme qui risquent d’enfermer l’Europe dans une économie dépendante aux énergies fossiles pour les décennies à venir.’ La crise économique qui suit la crise sanitaire ne va évidemment pas aider.
Il est vrai que ce Green Deal n’enchante pas tout le monde. À commencer par les États qui dépendent encore fort du charbon: à savoir la République tchèque, la Pologne et la Hongrie.