En 2021, ils étaient chaque mois plusieurs millions d’Américains à quitter volontairement leur emploi. Une situation difficile à digérer pour les employeurs, d’autant plus que trouver des remplaçants qualifiés n’était pas toujours une mince affaire. De quoi pousser les employeurs à s’éloigner d’un recrutement traditionnel et à s’ouvrir aux profils différents ? Ils ont plutôt intérêt.
The Great Resignation (La Grande Démission), c’est ainsi qu’a été nommée le phénomène de démissions de masse qu’ont subi les États-Unis durant de nombreux mois en 2021. Une situation complexe dont les causes ne sont pas toujours claires, bien que plusieurs pistes aient été avancées, notamment la volonté de trouver un job qui a du sens, de profiter de la vie ou encore de réduire les risques de contamination au coronavirus. Et les États-Unis ne sont pas les seuls à faire face à ce phénomène. En Europe aussi, les travailleurs ont quitté leur emploi ou ne se sont tout simplement pas présentés lors de la reprise post-covid. Dans d’autres cas, les employeurs peinent à trouver des gens qualifiés, faute d’avoir pu se former durant de nombreux mois.
Une situation qui a poussé plusieurs employeurs à revoir à la hausse leur proposition salariale et faire divers aménagements pour attirer les candidats, mais surtout pour les garder. Dans certains secteurs, la position de force s’est quelque peu inversée.
Une opportunité de progrès
Mais cette situation complexe pourrait donner lieu à des changements bénéfiques. Pour le PDG du cabinet de recrutement PageGroup, Steve Ingham, c’est l’occasion pour les employeurs et recruteurs de revoir la manière dont ils envisagent les profils pour un poste et s’ouvrir à plus de diversité et d’inclusivité, y compris le handicap, a-t-il déclaré à CNBC.
Un combat qui tient tout particulièrement à cœur au PDG puisqu’il est lui-même en fauteuil roulant, paralysé à la suite d’un accident de ski en 2019.
« Il est juste de dire que la plupart des entreprises ont tendance à emprunter les voies traditionnelles, les méthodes traditionnelles d’embauche. Donc, ils vont sur les mêmes vieux sites d’emploi, vous savez, ils ont tendance à recruter les mêmes personnes qui se ressemblent, et ainsi de suite. Et je pense qu’ils commencent à réaliser que ce n’est pas la bonne voie à suivre et je pense aussi qu’ils commencent à apprécier les forces des personnes qui sont plus diversifiées », a-t-il expliqué dans l’émission « Equity and Opportunity », de CNBC.
Un plus pour les entreprises
S’ouvrir aux profils moins traditionnels n’est pas qu’un moyen pour les entreprises de combler un manque d’effectifs qualifiés, c’est également l’occasion de mettre en relation des profils différents qui pourront générer ensemble des idées nouvelles.
« Si vous avez des personnes qui sont toutes identiques dans une salle de réunion, elles prendront très facilement les mêmes décisions. Et si vous voulez être plus innovant, plus créatif, proposer des idées alternatives pour résoudre les problèmes, etc., vous devez être plus diversifié, et le handicap est certainement l’une de ces options » a-t-il déclaré.
Être tout simplement plus attractif
Outre le point de vue des entreprises, celui des travailleurs a également changé sur la question de la diversité et de l’inclusivité, du moins chez certains. C’est en tout cas ce qui est ressorti de l’étude menée par Jobvite, une société de recrutement, auprès de 800 recruteurs et DRH. Ils ont en effet constaté que les priorités et les attentes des personnes à la recherche d’un emploi avaient changé. Là encore, l’influence de la pandémie de coronavirus, mais aussi des changements sociétaux y est pour beaucoup, comme le souligne Forbes.
Les recruteurs ont rapporté que davantage de demandeurs d’emploi se renseignaient sur les initiatives « diversity, equity and inclusion » (D&I) des entreprises par rapport à 2020. Et les organisations mettent désormais davantage en avant ces facteurs. Un certain nombre de candidats ont refusé un entretien ou une offre d’emploi en raison d’un manque de diversité au sein de l’entreprise, rapporte Jobvite.
« Créer une culture inclusive n’est plus une ‘bonne chose’. C’est un impératif commercial, surtout à l’ère de la Grande Démission », ont écrit Nancy Rothbard, vice-doyenne de l’École de commerce Wharton et Stephanie Creary, la professeure de gestion, dans un article. « Les entreprises qui ont la réputation d’être un lieu où tout le monde est vu, entendu et valorisé n’ont peut-être pas à s’inquiéter de la Grande Démission. »