La France ne reçoit plus du tout de gaz russe via l’Allemagne

Depuis le 15 juin, la France ne reçoit plus de gaz naturel de la Russie via Nord Stream 1, le gazoduc qui passe par l’Allemagne. C’est ce qu’affirme le gestionnaire de réseau GRTgaz, qui n’exclut pas des scénarios inquiétants pour l’hiver.

GRTgaz constate que le flux de gaz russe entre l’Allemagne et la France est très inférieur à la normale pour toute l’année, et qu’il s’est complètement arrêté depuis deux jours.

« Les flux de gaz en provenance des points d’interconnexion situés à l’est de la France (notamment France-Allemagne) sont en baisse de plus de 60% sur les 5 premiers mois de l’année (par rapport à 2021) », a indiqué le gestionnaire de réseau dans un communiqué. « Depuis le 15 juin, GRTgaz constate un arrêt du flux physique entre la France et l’Allemagne. Ce flux était de l’ordre de 60 GWh/j au début 2022, soit seulement 10 % de la capacité du point d’interconnexion.

Cela signifie que la France ne reçoit plus du tout de gaz russe par gazoduc. Elle reçoit en revanche toujours du liquéfié par méthanier, précisent Les Echos.

La dépendance de la France à l’égard du gaz naturel russe en temps normal est d’environ 17%. Ce gaz est acheminé principalement par le point d’interconnexion franco-allemand. GRTgaz constate une augmentation des flux de gaz en provenance d’Espagne et souligne également que les achats de gaz naturel liquéfié sont en hausse. Il existe donc des alternatives. Néanmoins, le gestionnaire de réseau affirme qu’il restera « vigilant pour l’hiver prochain ». GRTgaz appelle les entreprises du secteur de l’énergie à « remplir le plus possible les stockages nationaux ».

Rationnement

« Sans les importations de gaz russe, l’Europe manque de 50% de gaz », avait déclaré en avril dernier le président du géant énergétique français Engie. Va-t-on en arriver au rationnement, le gouvernement devant couper le gaz à certaines parties de l’industrie française ? Cela dépendra de la météo, précise GRTgaz.

Dans un hiver normal, même avec un arrêt complet des approvisionnements en gaz naturel en provenance de Russie, il devrait y avoir suffisamment d’approvisionnements pour répondre à la demande.

Mais en cas de froid intense ou prolongé, GRTgaz sera obligé de « déclencher le mécanisme d’alerte ». Cela pourrait conduire à des coupures, les entreprises acceptant des restrictions de volume en échange d’une compensation financière. Un tel scénario aurait évidemment des conséquences négatives sur la production industrielle française.

Le gestionnaire de réseau n’exclut pas non plus un scénario encore plus extrême : le rationnement des grands consommateurs dicté par le gouvernement central, afin de préserver l’approvisionnement des consommateurs et des sites sensibles (par exemple les hôpitaux).

(OD)

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