L’administration fiscale française n’attend plus: elle va percevoir la taxe (controversée) sur les services numériques en décembre. Amazon et Facebook, entre autres, vont recevoir des factures valant plusieurs millions. La France met ainsi fin à un cessez-le-feu avec Washington, qui menace de prélever des droits d’importation spécifiques sur les produits français en guise de représailles.
L’idée d’une taxe numérique existe depuis longtemps. De nombreux gouvernements veulent s’en servir contre la stratégie des grandes entreprises technologiques. Celles-ci collectent de gigantesques profits à travers différentes pays, grâce notamment à certains montages dans des pays au régime fiscal favorable, comme l’Irlande. Elles évitent ainsi de nombreux impôts dans les pays où les bénéfices sont réalisés, ce qui, en soi, est parfaitement légal.
La France n’est pas le seul pays à vouloir contrecarrer cette tendance par une taxe généralisée sur les services numériques. Des pays comme l’Espagne et le Royaume-Uni en ont également une, ou travaillent à son instauration. Mais nos voisins français en sont en quelque sorte le porte-drapeau. La France a dû faire face une forte opposition de la part des États-Unis, pays d’origine de la plupart – voire de l’ensemble – des entreprises technologiques touchées par la nouvelle taxe.
Le gouvernement américain avait déjà menacé d’imposer des droits de douane de 100% sur un certain nombre de produits typiquement français, comme le champagne et le fromage, en guise de représailles. Jusqu’à présent, les Américains n’avaient pas encore franchi le pas, car la France n’avait pas encore commencé à percevoir la taxe. Maintenant, la donne a changé. Selon les informations du Financial Times, Washington imposerait désormais une taxe d’importation de 25 % sur les sacs à main et les cosmétiques, comme première réaction.
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Un solide test pour Biden
D’une certaine manière, le gouvernement de l’actuel président Donald Trump est lui-même à l’origine de ces événements. La France avait accepté de geler le prélèvement de la taxe en janvier. En échange, un ‘cadre fiscal multilatéral’ devait être élaboré au sein de l’OCDE. Mais les États-Unis se sont retirés des négociations en juin. Désormais, Paris a perdu patience.
Il s’agira immédiatement d’un solide test pour le ‘président élu’ Joe Biden. En route pour la Maison-Blanche, il a l’ambition de rétablir les relations entre les Etats-Unis et le reste du monde. Mais dans ce dossier, la résistance face aux digitaxes se retrouve des deux côtés du spectre politique à Washington. Biden devra donc trouver un équilibre entre la réconciliation et la défense vigoureuse des intérêts des entreprises technologiques américaines.