La différence entre révolte et révolution

Chaque année, en mai, les Français sont dans un état prérévolutionnaire, souligne l’historien Alain-Gérard Slama. Cette année encore, le 1er mai fut une journée de manifestation ayant pour leitmotiv « tous ensemble contre la crise ». La crise et les réformes gouvernementales ont créé une colère, mais il s’agit plus d’une révolte que d’une véritable révolution. Depuis la loi sur l’autonomie des universités, les étudiants comme les professeurs se sont ligués contre le gouvernement. Depuis plusieurs mois, le fonctionnement des universités est perturbé et les actions menacent le bon déroulement des examens. Sans compter les travailleurs qui ont saccagé la sous-préfecture de Compiègne pour lutter contre le refus du tribunal d’annuler la fermeture de l’usine Continental de Clairoix et les prises d’otages de patrons par les employés, qui sont plus un signe de l’échec du dialogue qu’un signe de révolution. Dans les banlieues, la situation est encore plus préoccupante, voire explosive, et la résignation fait place à la révolte. Si l’on pense aux 600.000 étudiants qui vont entrer sur le marché du travail après l’été, les conséquences pourraient être énormes.

[Source: Frankfurter Allgemeine Zeitung]