Comparée au mois de novembre, la consommation a baissé en décembre aux États-Unis. Omicron et l’effet de prolongement des courses pour les fêtes ont eu un impact, mais la peur de l’inflation pourrait également être responsable. Un ralentissement de la consommation pourrait avoir de graves conséquences pour l’économie, notamment la stagflation. Mais d’ici le printemps, la consommation devrait rebondir, analyse une experte.
En décembre, les Américains ont fait moins d’emplettes. Comparés au mois de novembre, les achats ont diminué de 1,9%, pour s’établir à 626,8 milliards de dollars. Il s’agit de la première baisse des ventes « de détail et de services de nourriture » depuis l’été, indique un rapport du Census Bureau, organe américain des statistiques.
C’est que la consommation est la colonne vertébrale de l’économie américaine, analyse le média économique CNN Business. Un ralentissement de la consommation pourrait donc être un mauvais présage pour l’économie en général, notamment car les consommateurs pourraient commencer à bouder les prix hauts de l’inflation, et reporter certains achats. Il y a de ça, mais les raisons sont multiples.
- Emergence d’omicron: décembre est également le mois d’apparition et de propagation d’omicron. La baisse de la consommation, d’un côté, coïncide ainsi avec ce phénomène. En juillet déjà, avec l’apparition du variant delta, les achats avaient également baissé. La baisse de consommation dans les bars et restaurants, sur le mois de décembre, a été de 0,8%.
- Chaines d’approvisionnement: décembre est le mois des fêtes de fin d’année et donc, des cadeaux. Mais avec la crise des chaines d’approvisionnements et les avertissements répétés sur les retards et les pénuries, les consommateurs ont fait leur shopping plus tôt, ou de manière plus étalée. Le commerce en ligne a par exemple baissé de 8,7% par rapport à novembre.
Baisse déconcertante
Pour Lydia Boussour, économiste en chef au sujet des Etats-Unis auprès d’Oxford Economics, citée par le média, cette baisse est « déconcertante », même si on prend en compte l’effet de prolongement des courses pour les fêtes en raison de la congestion des chaines d’approvisionnement.
Cette baisse pourrait ainsi influer sur la croissance du pays lors du dernier trimestre. Le départ dans le premier trimestre de la nouvelle année serait donc plus lent et constituerait une certaine perte de « momentum », ajoute Lydia Boussour. Un ralentissement de la croissance qui pourrait, peut-on ajouter, mener à une situation de stagflation, si le phénomène dure.
Comment Boussour voit-elle évoluer la consommation en 2022? « Les dépenses de consommation resteront la pierre angulaire de la croissance économique cette année, mais la trajectoire à court terme sera agitée dans un contexte de hausse des cas Omicron », analyse-t-elle.
La consommation devrait alors reprendre de plus belle au printemps, continue-t-elle. Le marché de l’emploi est notamment dans une position forte, les salaires devraient augmenter et les consommateurs ont encore de l’épargne de côté, avec des dépenses reportées pour cause de pandémie, par exemple. Lydia Boussour voit alors la consommation dépasser les moyennes.
Peur de l’inflation
Aux Etats-Unis, l’inflation a dépassé les 7% au mois de décembre. Et les consommateurs le ressentent : leur confiance est tombée à 68,8 pour cent, le deuxième point le plus bas depuis dix ans, selon des données de l’université de Michigan.
L’étude révèle que les ménages avec des revenus plus faibles ont le plus de craintes et voient leur situation financière se dégrader plus fréquemment qu’auprès de répondants avec des revenus plus élevés. Un tiers des répondants estime être dans une situation financière moins bonne qu’il y a un an. La moitié des répondants estime que ses revenus vont baisser, car l’inflation augmente plus vite que les salaires. Seuls 17% des répondants croient que leurs revenus vont augmenter.
Pour Richard Curtin, économiste en chef auprès de Surveys of Consumers, cette tendance de baisse de la confiance est liée aux prix de l’inflation, mais également à la résurgence de cas de covid due au variant omicron. La confiance envers les politiques monétaires du gouvernement est au plus bas depuis 2014, ajoute-t-il.
Augmentation de 19,3% par rapport à 2020
Le mois de décembre 2021 représente une augmentation de 16,9% de la somme totale des achats par rapport à décembre 2020. Sur l’année 2021, en total, elle a augmenté de 19,3% par rapport à 2020. La période d’octobre à décembre 2021 est également une augmentation de 17,1% par rapport à la même période de l’année précédente, analyse le Census Bureau.
La hausse la plus impressionnante par rapport à décembre 2020 reste celle de l’horeca et des stations-service, avec respectivement 41,3 et 41%. D’un côté, les prix du carburant augmentent, et de l’autre côté, en décembre 2020, les restaurants et bars étaient majoritairement fermés.