La Chine veut créer une zone pluvieuse de la taille de la Mongolie pour mettre fin à sa sécheresse

La China Aerospace Science and Technology Corporation, unesociété spatiale chinoise, teste actuellement le plus vaste projet du monde d’ensemencementde nuages pour augmenter la pluviométrie du plateau tibétain.

Cette région recèle en effet la plus grosse réserve d’eaudouce de toute l’Asie, et pour cette raison, on la surnomme « le château d’eaude l’Asie ». Mais actuellement, c’est aussi paradoxalement l’un desendroits de la planète qui souffre le plus de sécheresse.

Produire la pluie à la demande

Le système repose sur un réseau de dizaines de milliers decentrales installées dans des zones des montagnes du Tibet particulièrementarrosées par les eaux de la mousson, et donc très humides en conséquence. Ces « chambres » sont destinées à ensemencer des nuages. Pour ce faire, elles brûlentun combustible qui permet de produire un produit chimique dont la structure esttrès proche de celle de la glace, l’iodure d’argent. Ce produit est répandudans l’atmosphère environnante. Lorsque le vent heurte les montagnes, ilproduit un courant ascendant qui pousse ces particules dans les nuages. Lorsqu’ellesentrent en contact avec l’eau qui se trouve dans ces nuages, elles produisentdes cristaux de glace. Lorsque ceux-ci deviennent trop lourds pour se maintenirdans les nuages, ils finissent par tomber. Pendant leur chute, ils fondent, cequi produit de la pluie.

Une région grande comme la Mongolie

La société spatiale chinoise espère qu’elle pourra ainsiensemencer une région de 1,6 million de kilomètres carrés, soit une région vaste comme 3 fois l’Espagne. Ces nuages sedéverseront ensuite sur le plateau tibétain, et permettront de résoudre leproblème de sécheresse actuelle.

Actuellement, plus de 500 centrales ont déjà été déployées surles montagnes du Tibet, du Xinjiang, et d’autres régions dans le cadre de ceprojet. À terme, celui-ci pourrait permettre d’augmenter la pluviométrie de 10milliards de mètres cubes d’eau par an. Cela représente environ 7 % de laconsommation chinoise totale d’eau douce.

Une technique inventée en 1946

La technique de l’ensemencement des nuages a été inventéepar un chercheur de General Electric en 1946. Jusqu’à présent, elle n’avaitété utilisée que sur des projets ponctuels, y compris pour éviter la survenancede pluie lors des mariages. C’est la première fois qu’elle est déployée sur uneéchelle aussi vaste. Habituellement, on fait appel à des avions pour répandre l’iodured’argent, et pour cette raison, elle est extrêmement coûteuse (il faut descentaines de milliers d’euros pour couvrir une zone bien plus modeste). Mais lerecours à des « chambres » d’ensemencement, qui peuvent fonctionner à desaltitudes de plus de 5000 m sans réclamer de maintenance, la rend beaucoup pluséconomique.

Actuellement, 3,6 milliards de personnes manquent d’eauquotidiennement, et l’eau douce devient de plus en plus rare. On peut donc s’attendreà ce que ce type de projet se banalise à l’avenir. La Chine est le pays qui emploiele plus l’ensemencement des nuages, mais l’Inde investit également massivementdans cette technologie.

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