La Chine menace de plus en plus la position des États-Unis en tant que première économie mondiale. Une avancée qu’elle doit à des opérations d’investissements massifs.
‘Il ne fait aucun doute que la Chine prendra le dessus en tant que superpuissance technologique, économique et militaire si la tendance actuelle se poursuit’. Telles sont les prédictions de l’économiste américain Richard Duncan, considéré parfois comme le ‘prophète de la catastrophe’.
Selon ses prophéties que rapporte Forbes, les États-Unis seraient en train de revivre un ‘moment Spoutnik’, en référence au premier satellite lancé dans l’espace par la Russie, au nez et à la barbe des Américains. La Chine est devenue depuis quelque temps déjà le nouveau Némésis des États-Unis, après son rival russe de plusieurs décennies.
Selon Richard Duncan, ce sont ‘les investissements agressifs de Pékin dans la 5G et d’autres technologies, telles que l’intelligence artificielle, la transition électrique mais aussi la conquête spatiale’ qui ont contribué à cette avancée spectaculaire. Pendant ce temps, les États-Unis ont du mal à sortir du carcan de la guerre douanière, ‘avec le président Donald Trump qui se concentre sur le retour du charbon’.
‘Investir plus que la Chine’
‘Il n’y a qu’une seule façon pour les États-Unis de conserver leur prééminence mondiale: ils doivent investir plus que la Chine’, estime Richard Duncan. Précisément 8.000 milliards de dollars par an sur une période de 10 ans s’ils souhaitent conserver leur précieuse place. Leurs principales cibles doivent se situer dans les domaines de l’intelligence artificielle, les biotechnologies, le génie génétique, l’énergie verte, les nanotechnologies, les sciences neurales, l’informatique quantique et la robotique.
‘Il s’agit bien sûr d’une somme d’argent impensable. Mais depuis janvier 2017 [l’arrivée à la Maison Blanche du milliardaire], le président Trump a facilité la tâche de la Chine ‘Spoutnik’ de [devenir] la plus grande économie du monde’, tacle Forbes.
En multipliant les efforts pour s’attaquer aussi vivement et inlassablement que possible à Pékin, Donald Trump se tire en réalité violemment dans le pied. ‘En 2020, une guerre commerciale à l’ancienne ne fonctionne que si l’on construit simultanément une puissance économique. Malgré tous ses airs d’homme fort, la complaisance de Trump affaiblit la résistance de l’Amérique tandis que la Chine relève son niveau’, explique le magazine économique. Pékin en profiterait à tel point qu’un second mandat du président actuel serait accueilli à bras ouverts.
‘Les États-Unis élargissent leurs efforts pour contraindre les entreprises technologiques chinoises, en utilisant des sanctions qui ont un impact sur les fournisseurs du gouvernement chinois, de l’armée et d’autres secteurs’, explique encore l’analyste Dan Wang de Gavekal Research. ‘Mais que fait la Maison Blanche de Trump pour relancer l’innovation américaine? C’est un peu comme essayer de gagner une course en aplatissant les pneus de ses adversaires. Vous pouvez triompher aujourd’hui, mais l’autre voiture sera encore plus rapide demain.’
Réveil américain?
La Chine doit toutefois prendre au compte ses propres obstacles, tels que les conflits géopolitiques, l’endettement, et le ralentissement de sa croissance. Et certains élus parlementaires américains semblent s’être quelque peu réveillés face à cette menace ‘d’urgence nationale’. Fin 2019, le Congrès présentait ainsi un plan d’investissement de 100 milliards de dollars pour appuyer la recherche américaine dans le domaine de l’IA.
Donald Trump semble lui-même prendre peu à peu conscience du mur vers lequel il fonce: on annonçait ce 17 juin qu’il travaillerait sur un plan de 1.000 milliards de dollars pour relancer notamment le secteur des transports et la 5G. Il faudra toutefois consacrer de tels investissements aux secteurs stratégiques, et accélérer la cadence si les États-Unis veulent rester numéro 1…
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