L’appétit de la Chine pour le gaz naturel liquéfié (GNL) a augmenté à un rythme record l’année dernière, la demande augmentant de 18 % pour atteindre 78,9 millions de tonnes en 2021, dépassant ainsi le Japon comme premier importateur. Et pour s’assurer que le gaz continue à circuler, la Chine signe de plus en plus de contrats à long terme.
39 % du GNL importé par la Chine l’année dernière provenait de contrats dits « spot » (au comptant), c’est-à-dire de contrats d’achat ferme d’un produit de base au cours du jour. Mais l’utilisation de tels contrats signifie qu’il n’y a pas de certitude à long terme. C’est pourquoi la Chine s’engage de plus en plus dans des contrats à long terme, avec des accords entre 10 et 20 ans.
Au total, 23 contrats à long terme ont été signés l’année dernière, ce qui devrait permettre à la Chine d’obtenir jusqu’à 27 millions de tonnes de GNL dans les années à venir. La plupart d’entre eux ont été signés par trois entreprises d’État chinoises : China National Petroleum Corp., CNOOC et China Petrochemical. Mais des acteurs plus modestes, qu’il s’agisse de gouvernements régionaux ou d’entreprises privées, commencent également à voir les avantages des contrats à long terme.
L’Amérique en tête
Selon les rapports de Nikkei Asia, 75 % du gaz commandé est proposé par des vendeurs de trois pays seulement : les États-Unis, le Qatar et la Russie. Les États-Unis seraient le favori absolu : les entreprises chinoises ont signé dix contrats avec des entités américaines entre janvier et avril de l’année dernière, ce qui leur permettra de fournir un total d’environ 14 millions de tonnes de GNL.
Le Qatar souhaite également accroître considérablement sa production de GNL dans les années à venir. D’ici à 2026, elle veut faire passer sa capacité d’exportation de 77 millions de tonnes à 110 millions de tonnes. La Chine importe actuellement quelque 11 % de son GNL de l’État du Golfe.
Enfin, il y a la Russie : depuis l’invasion de son voisin ukrainien en février, le gouvernement du dictateur Vladimir Poutine se tourne de plus en plus vers l’Est pour écouler son GNL. Le 4 février, le pays a conclu un autre accord de 30 ans avec la Chine, anticipant sans doute la réaction occidentale à la guerre alors déjà planifiée.
Xi Jinping veut dynamiser le secteur de l’énergie
La demande croissante de contrats à long terme provient en partie du gouvernement chinois lui-même, selon Mika Takehara, chercheur et analyste à la Japan Oil, Gas and Metals National Corp. Le gouvernement de Xi Jinping a mis l’accent sur la stabilité de l’approvisionnement énergétique dans le dernier plan quinquennal de la Chine, une feuille de route pour l’économie.
« En réponse aux récentes pénuries d’électricité et de gaz pendant l’hiver, le gouvernement demande aux grandes entreprises d’État de renforcer leurs chaînes d’approvisionnement et de se procurer du gaz supplémentaire », a déclaré M. Takehara à Nikkei Asia. Les entreprises privées et les gouvernements régionaux chercheraient également de plus en plus à conclure des contrats à long terme de leur propre chef afin d’optimiser leur approvisionnement.
La demande de GNL de la Chine devrait augmenter fortement à l’avenir : d’ici 2030, le pays aurait besoin de 130 millions de tonnes par an. D’ici 2040, ce chiffre pourrait même atteindre 160 millions de tonnes.
Ces perspectives ne sont pas très réjouissantes pour l’Europe qui veut se passer du gaz russe. L’UE compte beaucoup sur le GNL, mais manger à plusieurs sur un même gâteau, surtout quand celui assis à côté de vous est la Chine, vous assure à tous les coups une plus petite part.
(JM)