Un hôpital touché à Gaza aurait fait « des centaines de morts » : Israël et le Hamas s’accusent mutuellement

Mardi soir, une forte explosion a frappé l’hôpital Arab Al-Ahli, à Gaza, tuant des centaines de personnes. Le Hamas accuse Israël, qui nie. L’événement a fait grimper les tensions de plusieurs crans dans la région.

Dans l’actu : des centaines de morts dans un hôpital gazaoui.

  • Il semble impossible d’évaluer le nombre exact de victimes à l’heure actuelle. Une chose est toutefois certaine : l’événement a fait fameusement croître les tensions au Proche-Orient.

Les explications : à quoi est due l’explosion ?

  • Le ministère palestinien de la Santé, piloté par le Hamas, a d’abord évoqué un chiffre de 200 morts. Avant de le faire grimper à 500. De son côté, la Société du Croissant-Rouge palestinien, une organisation humanitaire, a annoncé que « des centaines » de personnes avaient été tuées.
  • Rapidement, le Hamas a accusé Israël d’une frappe sur l’hôpital Arab Al-Ahli. Cela en ferait la riposte la plus meurtrière de l’Etat hébreu depuis l’attaque dont il a été victime le 7 octobre dernier.
  • En retour, Israël a nié son implication. Son armée a indiqué, sur base d’images provenant d’Al Jazeera, qu’il s’agirait des conséquences d’un tir de roquette manqué du Djihah Islamique. Ce groupe armé palestinien a nié à son tour.
    • C’est aussi la thèse défendue sur X par plusieurs spécialistes de l’analyse des sources géospatiales, dont le compte GeoConfirmed. Selon eux, un missile lancé par des groupes palestiniens aurait explosé en plein vol. Et l’un des morceaux serait tombé sur l’hôpital.

Sous le choc, le monde arabe accuse unanimement Israël

Au Proche-Orient, on accuse Israël et on appelle l’Occident à le stopper.

  • Condamnant un « massacre », le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a décrété un deuil de trois jours dans les Territoires palestiniens. Dans le même temps, des heurts entre manifestants et forces de sécurité palestiniennes ont eu lieu en Cisjordanie pour réclamer sa démission.
  • La Jordanie a accusé Israël et a annulé un sommet avec Biden, qui devait rencontrer les dirigeants jordaniens et égyptiens, ainsi que Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne.
  • L’Égypte a elle aussi mis en cause Israël, l’accusant de « de graves violations du droit international, des principes humanitaires et des valeurs humaines les plus fondamentales ». Elle a appelé « la communauté internationale, en particulier les grandes nations influentes, à intervenir rapidement pour mettre fin à ces violations et les condamner sans équivoque ».
  • Accusant lui aussi l’État hébreu, Qatar a qualifié l’explosion de « massacre brutal » constituant une « dangereuse escalade ».
  • Pour l’Arabie saoudite, cet événement « oblige la communauté internationale à abandonner les doubles standards et la sélectivité dans l’application du droit humanitaire international lorsqu’il s’agit de pratiques criminelles israéliennes ».
  • En Turquie, Recep Tayyip Erdogan a dit voir dans cette explosion « le dernier exemple des attaques israéliennes dépourvues de valeurs humaines fondamentales ». « J’appelle toute l’humanité à agir pour mettre fin à la brutalité sans précédent d’Israël à Gaza », a-t-il ajouté.
  • Le président (égyptien) de la Ligue arabe a appelé ‘l’Occident à faire cesser immédiatement la tragédie”. « Nos mécanismes arabes recensent les crimes de guerre, et leurs auteurs ne pourront pas échapper à la justice », a-t-il notamment ajouté.
  •  C’est sans doute en Iran que la réaction a été la plus vive. « Si les crimes du régime sioniste [israélien] continuent, les musulmans et les forces de résistance deviendront impatients et personne ne pourra les arrêter », a prévenu l’Ayatollah Ali Khamenei « Concernant la situation à Gaza, nous avons tous la responsabilité de réagir ; nous devons réagir », a-t-il ajouté, sans pour autant préciser ce à quoi pourrait ressembler cette réaction.
Dans plusieurs capitales de pays du Proche-Orient, des manifestants ont exprimé leur colère autour de l'ambassade d'Israël. Comme ici, à Amman, en Jordanie. (Laith Al-jnaidi/Anadolu via Getty Images)
Dans plusieurs capitales de pays du Proche-Orient, des manifestants ont exprimé leur colère autour de l’ambassade d’Israël. Comme ici, à Amman, en Jordanie. (Laith Al-jnaidi/Anadolu via Getty Images)

Biden arrive en Israël

Côté occidental : les réactions ont afflué tout aussi rapidement, la condamnation d’Israël en moins.

  • Joe Biden, qui devrait arriver à Israël dans les prochaines heures, s’est dit « profondément attristé » par « l’explosion ». Il a préféré ne pas désigner de responsable. Selon son porte-parole, il arrivera sur place « en tant qu’ami » de l’État hébreu. Mais il posera des « questions difficiles » pour comprendre les objectifs d’Israël lors de sa rencontre avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou mercredi. En outre, Biden discutera par téléphone avec les présidents égyptien et palestinien à son retour d’Israël.
  • Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne n’a, elle non plus, pas mis explicitement Israël en cause. Mais elle a souligné « qu’il n’y a aucune excuse pour frapper un hôpital rempli de personnel médical et de civils ». « Tous les faits doivent être établis et les responsables doivent rendre des comptes », a-t-elle ajouté.
  • Le président du Conseil européen Charles Michel a rappelé « qu’une attaque contre une infrastructure civile n’est pas conforme au droit international ».
  • Le président français Emmanuel Macron a « condamné l’attaque », ajoutant que « rien ne peut justifier une frappe contre un hôpital » ni de « prendre des civils pour cibles ».
  • Sur les réseaux sociaux, le chancelier allemand Olaf Scholz n’a pas évoqué l’hôpital. Il a par contre déploré « l’exécution de civils sans défense », au sujet des victimes israéliennes. « Israël a le droit de se défendre contre cela. Un État a le devoir de protéger ses citoyens », a-t-il ajouté.
    • Scholz était justement en Israël mardi. A l’aéroport Ben-Gourion à Tel-Aviv, il a dû descendre précipitamment de son avion suite à des tirs de missiles à proximité.  Il a ensuite été conduit dans un abri. Les autres passagers ont, eux, été priés de s’allonger au sol sur l’aérodrome.
  • La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR), a donné une réaction qui a déclenché une petite polémique politique sur le sol belge : « Choquée par les informations faisant état de la destruction d’un hôpital et d’une école Gaza. Des centaines de victimes civiles, femmes et enfants, sont à craindre. J’appelle au respect du droit international. Les civils ne peuvent être pris pour cible, ni otage ni bouclier. »

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