Israël vaccine 150.000 personnes par jour. Cela représente 2% de sa population. 80% des personnes âgées de plus de 60 ans seront vaccinées d’ici le 10 janvier. Aujourd’hui, plus de 40% des personnes de cette tranche d’âge ont déjà été vaccinées. Les Israéliens pensent que le Covid-19 ne sera guère plus qu’un mauvais souvenir d’ici mars 2021, car d’ici là, le pays aura atteint l’immunité de groupe.
Les autres pays n’approchent même pas ces chiffres. L’opération américaine baptisée Warp Speed devait permettre de vacciner 20 millions de personnes pour la fin décembre. Mais les États-Unis n’ont même pas atteint le dixième des vaccinés en Israël. Le Royaume-Uni fait également des progrès, mais jusqu’à présent, il n’a vacciné que 1,5% de sa population. Enfin, l’Union européenne ne semble pas devoir jouer un rôle significatif dans la course à la vaccination de ses citoyens.
Que peuvent donc faire les Israéliens que le reste du monde ne peut pas faire?
1. Israël est un client privilégié des firmes pharmaceutiques
Les pharmas ont rapidement manifesté leur intérêt pour l’État juif, car le pays était prêt à débloquer des fonds supplémentaires pour obtenir le vaccin plus tôt que les autres. Les premières commandes ont été passées bien avant que les premiers tests cliniques ne donnent des résultats concluants. Selon certains rapports, les Israéliens auraient payé le vaccin Pfizer deux fois plus cher que les États-Unis ou l’Union européenne. Ils ont également refusé de s’engager à utiliser exclusivement un vaccin.
D’autre part, selon les responsables israéliens, les entreprises pharmaceutiques considèrent le pays comme un excellent outil de marketing pour leur vaccin, car toutes les conditions sont réunies pour démontrer l’efficacité de leurs produits et services.
2. Un système de santé performant
Le succès d’Israël peut être attribué à un système de soins de santé très performant. L’instauration de ce dernier est antérieure à la création de l’État juif et ce système a depuis longtemps été numérisé.
En Israël, les soins de santé sont universels et la participation à l’assurance maladie est obligatoire. Tous les résidents israéliens ont droit aux soins de santé de base, car il s’agit d’un droit fondamental. Toute personne âgée de plus de 18 ans doit s’inscrire auprès de l’une des quatre Kupat Holim ou ‘caisses d’assurance maladie’. Ces dernières sont gérées comme des organisations à but non lucratif et ne peuvent, selon la loi, refuser personne.
Les Israéliens ont également une connaissance technologique supérieure à celle des autres pays. Par exemple, des vidéoconférences avec les médecins généralistes y sont intégrées depuis un certain temps déjà, et chaque citoyen peut demander une copie de son dossier médical en ligne.
Plusieurs semaines avant que le vaccin ne soit disponible, chaque Israélien avait déjà été invité par courriel à prendre rendez-vous pour se faire vacciner. Ces organisations à but non lucratif font maintenant appel aux médecins de l’armée pour les aider. Si les personnes de plus de soixante ans sont prioritaires, les personnes plus jeunes sont également vaccinées.
3. Les ‘vaccinodromes’
Les quatre caisses d’assurance maladie ont déployé des ‘vaccinodromes’ dans tout le pays, des laboratoires mobiles de taille moyenne qui vaccinent les gens sept jours sur sept. Aujourd’hui, pas moins de 20 vaccinodromes de ce type ont été mis en place sur la place Yitzak Rabin à Tel-Aviv.
4. Israël est un petit pays densément peuplé, doté d’un appareil militaire très performant
Israël est un petit pays densément peuplé, avec à peine 9,3 millions d’habitants et une infrastructure logistique de grande qualité. Par conséquent, il y a peu de défis logistiques à relever pour que les vaccins arrivent sur place à temps. Le pays a également accès à un appareil militaire très efficace pour faire face à des défis logistiques complexes, comme la distribution des vaccins Pfizer, qui doivent être stockés à moins 70 degrés Celsius.
En Israël, chaque domaine revêt un aspect militaire. Alors que de nombreux pays ont métaphoriquement déclaré la guerre au Covid-19, Israël a pris cette déclaration au pied de la lettre.
5. Une campagne nationale contre la désinformation anti-vaccins
Le gouvernement a lancé une campagne vigoureuse pour lutter contre la désinformation anti-vaccins. Le ministère de la Justice a demandé à Facebook de retirer quatre groupes qui avaient ‘publié des contenus porteurs d’allégations trompeuses sur les vaccins contre le coronavirus’.
De plus, les politiciens ont essayé de dissiper les doutes de la population en montrant l’exemple : ils sont les premiers à s’être fait vacciner. Cette démarche était bien évidemment motivée par des choix politiques, mais elle n’en reste pas moins symbolique, car un quart des Israéliens reste sceptique quant à la vaccination.
6. Un ‘passeport vert’
‘Les citoyens sont encouragés à se faire vacciner en leur offrant la perspective d’un passeport vert’. Il s’agit d’un document qui permettrait aux personnes vaccinées de manger à nouveau dans des restaurants, de voyager librement et de les exempter de toute quarantaine.
Comme il n’existe toujours pas de preuve que les vaccins empêchent une personne vaccinée d’infecter une personne non vaccinée, cette idée, bien qu’elle soit séduisante, a été accueillie avec un certain scepticisme.
7. La politique n’a jamais été très loin
Le 23 mars, des élections nationales auront lieu pour la quatrième fois en 24 mois. Si Benjamin Netanyahou réussit à libérer son pays du Covid à cette date, cela lui apportera sans aucun doute pas mal de voix.
M. Netanyahu aurait eu des contacts directs réguliers avec le directeur de Pfizer, Albert Bourla, au cours des derniers mois. Il s’est même vanté de ne pas s’être gêné pour appeler le PDG de Pfizer à 2 heures du matin.
Non seulement Nétanyahou a été le premier Israélien à être vacciné, mais il se fait maintenant remarquer quotidiennement en visitant les vaccinodromes, de préférence avec une série de caméras de télévision à proximité.
8. Un appareil gouvernemental qui fonctionne bien
Le succès d’Israël est aussi une victoire du gouvernement. Les gouvernements, les fonctionnaires, les caisses d’assurance maladie et autres se sont montrés exceptionnellement efficaces, alors que le gouvernement Netanyahu-Gantz a été accusé d’avoir gaspillé plusieurs occasions de maintenir les taux d’infection à un niveau bas. La réponse israélienne au Covid-19 a d’ailleurs été jusqu’à présent très médiocre. La preuve en est que le pays se trouve pour la troisième fois dans une situation de lockdown national.