Les limites de l’infrastructure gazière européenne sont atteintes : des dizaines de navires GNL attendent au large pour décharger leurs cargaisons

Des dizaines de navires transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Europe gisent en mer en attendant de pouvoir décharger leur cargaison.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Europe a connu quelques maux de tête autour du gaz naturel. Après tout, avant la guerre, elle dépendait fortement de la Russie pour son énergie bon marché. Comme cela n’est plus possible, l’Europe cherche fébrilement d’autres vendeurs de gaz naturel, souvent sous la forme de GNL acheminé par voie maritime.

La marchandise doit être liquéfiée avant de pouvoir être expédiée. Pour ce faire, le gaz est refroidi à -160 degrés Celsius, ce qui réduit le volume du combustible jusqu’à 600 fois. Une fois arrivé à destination, il est réchauffé jusqu’à ce qu’il devienne un gaz, après quoi il peut être utilisé dans les foyers et l’industrie.

Mais c’est précisément là que le bât blesse. Bien que le continent ait trouvé un certain nombre de fournisseurs alternatifs qui ne sont que trop heureux d’expédier leur GNL, il y a une limite à la quantité qui peut être traitée. Plus exactement, il n’y a pas assez d’usines de regazéification, qui sont nécessaires pour reconvertir le GNL en gaz utilisable. Selon Reuters, la capacité est actuellement entièrement occupée.

Décharger des marchandises hors d’Europe ?

Au total, plus de 35 navires entièrement chargés flotteraient actuellement dans et autour de la Méditerranée, au large des côtes espagnoles. Alors qu’il n’y a que six endroits où ils peuvent accoster pour décharger le GNL. S’ils doivent attendre plus longtemps, il est possible qu’ils emmènent leur cargaison ailleurs, en dehors de l’Europe. Le gestionnaire du réseau national de gaz espagnol Enagas a également fait savoir qu’il pourrait être amené à refuser des navires en raison de l’affluence.

L’Espagne possède la plus grande usine de regazéification de l’UE. Pas moins d’un tiers du gaz naturel arrivant par bateau y est traité. Sa capacité de stockage est encore plus importante : pas moins de 44% de la production à destination de l’Union se trouve en Espagne.

En outre, selon un initié, des navires attendraient aussi au large des côtes d’autres pays européens. Cela impliquerait des dizaines de navires, explique Reuters. Les navires font aussi la queue au Royaume-Uni.

Terminaux flottants

Les nations européennes ont décidé, peu après la guerre en Ukraine, d’augmenter leurs capacités de stockage. Eles envisagent de le faire à court ou moyen terme en utilisant des terminaux gaziers flottants. Entre autres, l’Allemagne, la France et l’Italie ont déjà annoncé leur intention d’acheter ou de louer de telles plateformes. Les premiers terminaux flottants devraient commencer à fonctionner d’ici la fin de l’année.

Pourtant, tout le monde n’est pas satisfait de ces plans. En effet, les experts du climat affirment que l’expansion des infrastructures pourrait conduire l’Europe à rester plus longtemps dépendante des combustibles fossiles.

BL

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