Dans sa dernière enquête, Test-Achats a estimé l’inflation alimentaire à 20,6% au mois de mars. L’inflation globale est repartie à la hausse en Belgique le mois dernier et on le doit principalement à cette fièvre des prix des aliments.
Dans l’actu : Test-Achats a mené une enquête sur base d’un panier de 3.000 produits issus de 7 supermarchés.
- L’inflation alimentaire pour le mois de mars est de 20,16% dans les supermarchés, estime Test-Achats. Sur les trois derniers mois, l’augmentation des prix a tourné autour des 19,5%.
- C’est au niveau des légumes que la hausse des prix est la plus forte, 31% plus cher que l’année dernière en moyenne. Les produits qui ont le plus augmenté sont la laitue iceberg (+53%), le concombre (+51%) et les oignons (+ 50%).
- Les produits laitiers poursuivent aussi leur crue, de 26% en moyenne : le gouda (+42%), la crème (+33%) et le lait demi-écrémé (+29%).
- Le pain est, pour sa part, 24% plus cher qu’il y a un an.
« En raison de la nouvelle hausse de l’inflation, une famille moyenne de deux personnes dépense aujourd’hui 521 euros par mois au supermarché. C’est 89 euros de plus qu’il y a un an », observe Julie Frère, porte-parole de Testachats.
Zoom sur l’inflation : la crise énergétique s’est transformée en crise alimentaire.
- Pour la première fois en 5 mois, l’inflation est repartie à la hausse en Belgique, pour le mois de mars, à 6,67% plutôt que 6,62% en février, selon Statbel.
- Cette légère hausse doit d’abord être relativisée : l’inflation avait nettement baissé de janvier à février du fait de la baisse importante des prix de l’énergie. L’inflation de mars n’a pas pu bénéficier du même levier.
- Mais ce qui est une certitude, c’est que l’inflation liée à l’énergie a été remplacée par l’inflation alimentaire. Pour le mois de mars, cette dernière comptait pour près de la moitié de l’inflation globale.
- Officiellement, l’inflation alimentaire (boissons alcoolisées comprises) a atteint ce mois-ci 17,02%, contre 16,12% en février.

L’essentiel : l’inflation va-t-elle baisser ?
- Début avril, le Bureau fédéral du Plan a mis à jour ses prévisions de croissance pour 2023 et 2024. Il est attendu que l’inflation reparte à la baisse dans les prochains mois pour revenir à l’objectif de 2% à l’automne.
- L’inflation générale devrait tourner en moyenne à 4,2% en 2023 et à 3% en 2024. On est loin des 9,59% de 2022.

Et maintenant : Le monde politique va-t-il venir soutenir le pouvoir d’achat comme il l’a fait pour la crise énergétique ?
- « Nous réitérons notre demande au gouvernement afin qu’il établisse un “panier anti-inflation », à l’instar de ce qui se fait en France, permettant de geler le prix de certains produits de base. Ce panier devrait pouvoir soulager le portefeuille des ménages pour faire face à ce besoin de base qui est de pouvoir s’alimenter correctement”, demande Test-Achats.
- Le blocage des prix a déjà été évoqué au niveau politique, mais il ne fait l’unanimité, notamment du côté libéral. Les producteurs belges et étrangers ont ou doivent encore répercuter la hausse des prix des matières premières et du coût de l’énergie, même si celui-ci a baissé récemment. Et les détaillants ne peuvent vendre à perte.
- Les socialistes estiment toutefois qu’il faudrait pouvoir détecter les éventuels abus chez les producteurs et dans les marges des distributeurs, mais il n’y a pour le moment pas de consensus sur la manière d’opérer.
- Contrairement au marché de l’énergie, celui de l’alimentation est moins réglementé. Le politique ne dispose pas des mêmes armes que pour lutter contre la crise énergétique.
- La baisse de la TVA sur les légumes et les fruits de 6 à 0% est aussi évoquée. Mais cette mesure fait partie de la grande réforme fiscale que prépare le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem, et elle n’est pas encore à maturité. Cette réforme sera discutée par les 7 partis de la Vivaldi entre les vacances de Pâques des néerlandophones et des francophones.
- Là encore, l’unanimité n’est pas totale, car baisser l’inflation sur ces produits pourrait signifier une hausse de l’inflation sur d’autres. Car l’un des objectifs cruciaux de la réforme fiscale est d’être neutre sur le plan budgétaire.
- En outre, en abaissant la TVA, l’État se prive de revenus, mais certains distributeurs pourraient alors être tentés d’augmenter leurs marges.
- Vous l’aurez compris, l’inflation a intérêt à poursuivre sa décrue dans les prochains mois, car le monde politique reste très divisé sur la réponse à apporter. Il rappelle en outre que les Belges peuvent compter sur une protection du pouvoir d’achat presque unique au monde : l’indexation automatique des salaires.
- D’ailleurs, le Bureau fédéral du Plan prévoit une autre indexation de 2% en 2023 et en 2024.