Ils ne valent qu’un quart du prix, et sont plus éthiques: les diamants de synthèse ont le vent en poupe

Malgré leur symbole de prestige, les diamants peuvent être perçus comme chers, ou « immoraux ». Les diamants de synthèse, moins chers et plus éco-socio-responsables, trouvent de plus en plus preneur. Leur part sur le marché des bijoux augmente constamment.

Les diamants, symbole du luxe et de l’opulence. Ces pierres sont rares, difficiles à obtenir, et très chères. Les tailler, pour transformer les pierres en joyaux, demande également du temps, du savoir-faire et un travail très précis.

Mais les diamants, à côté de leur image de grand luxe, ont également une réputation plus douteuse : travail d’enfants dans les mines africaines, marché noir via des groupes armés et financement de conflits, et dernièrement, activité où la Russie a le monopole. Alrosa, une entreprise russe partiellement détenue par l’État, est la plus importante compagnie minière dans le domaine des diamants au monde. Elle représente 28% de l’extraction mondiale.

Pour ces deux raisons – le prix exorbitant et la partie « immorale » de l’activité – les acheteurs se tournent de plus en plus vers les diamants fabriqués en laboratoire. De quoi s’agit-il? Les diamants sont, en résumé, du carbone comprimé, pendant entre 800 millions et trois milliards d’années. Ce procédé peut être imité en laboratoire, et cela selon deux méthodes : soit avec un mélange de carbone et de métaux, exposés à des hautes pressions et à des hautes températures (ce qui donne des diamants de couleur), soit avec des granulats de diamants exposés à des gaz et des ondes (ce qui donne la version la plus pure), en résumé.

Marché en pleine expansion

A vue d’œil, on n’y voit que du feu. Ces diamants se retrouvent de plus en plus dans des bagues de fiançailles. Au mois de mars, comparé à un an auparavant, les ventes ont augmenté de 63%. Les vente d’anneaux, au mois de février, ont même augmenté de 80% par rapport au même mois en 2021. Sur la même période, les ventes de bagues de fiançailles avec des diamants naturels ont baissé de respectivement 25 et 13%, explique Edahn Golan, analyste indépendant du marché des diamants, à CNN Business.

L’attrait des diamants de synthèse est avant tout leur prix. Pour un diamant d’envergure, taille et clarté égale, le diamant de synthèse coûte un quart du prix, explique Golan. Pour un diamant rond, d’un carat, le prix est en moyenne de 2.318 dollars, contre 8.740 pour un diamant venant d’une mine. Mais le fossé devrait encore grandir, avec la guerre en Ukraine et les sanctions, qui réduisent l’offre de diamants naturels.

Mais le choix éthique joue également. À côté des questions humanitaires, les mines sont également synonyme de pollution. Ce facteur joue également sur le choix des jeunes acheteurs. « Chez les milléniaux et la génération Z, la conscience écologique et les préoccupations éthiques concernant l’approvisionnement en diamants naturels sont un autre facteur qui influence la préférence pour les bagues de fiançailles non traditionnelles », constate The Knot, une société de planification de mariages, citée par CNN.

Malgré le gain d’intérêt, la part des diamants de synthèse dans le marché des bijoux reste encore relativement petite. Mais elle augmente rapidement : en 2020, elle était de 3%, mais aujourd’hui, elle représente 7%, analyse Golan.

Les grandes marques s’y mettent

La marque de bijoux, Pandora, a même annoncé en 2021 arrêter les diamants issus de mines pour ne plus qu’utiliser les diamants créés en laboratoire. Son choix a été motivé par une demande grandissante, et par la volonté de faire des bijoux « durables ».

De son côté, Signet, une importante marque de bijoux aux États-Unis, constate également la popularité croissante des diamants synthétiques. Pour la CEO Virginia Drosos, s’exprimant lors de la conférence des résultats trimestriels, ces diamants seront une des grosses tendances de l’année. Elle indique également que la part des bagues de fiançailles contenant des diamants de synthèse a augmenté, dans les différentes sociétés du groupe.

Malgré ces avantages, les diamants de laboratoire ont un petit bémol : en seconde main, ils perdent beaucoup de valeur. Un diamantaire y voit la différence, ajoute Golan. Cela, si on compte les revendre – mais comme le veut l’expression : les diamants sont éternels.

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