Il est loin le temps où les grandes banques fuyaient les cryptomonnaies comme la peste. JPMorgan, excusez du peu, vient de décider d’y donner accès à ses clients. Une grande première.
En septembre 2017, le PDG de JPMorgan, Jamie Dimon, avait qualifié la cryptomonnaie de « fraude ». « Cette monnaie ne va pas marcher. On ne peut pas avoir un système où des gens créent une monnaie avec du vent et penser que les gens qui l’achètent sont vraiment malins », avait-il tonné.
M. Dimon avait même émis de graves menaces à l’encontre des traders de sa banque qui auraient l’intention d’échanger des cryptomonnaies: « Je les licencierais dans la seconde, et ce pour deux raisons : c’est contraire à nos règles et ils sont stupides. Dans les deux cas, c’est dangereux. »
Virage à 180°
Moins de quatre ans plus tard, le basculement est total. Les cryptomonnaies ont gagné assez de légitimité aux yeux de JPMorgan et de ses décideurs. Business Insider indique que ses conseillers financiers ont reçu le feu vert pour donner à tous leurs clients en gestion de patrimoine un accès aux fonds en cryptomonnaies.
Concrètement, dans un mémo reçu en début de semaine, les conseillers financiers de la banque ont appris qu’ils pouvaient désormais prendre des ordres d’achat et de vente de cinq produits en cryptomonnaies: quatre de Grayscale Investments (Grayscale Bitcoin Trust, Grayscale Bitcoin Cash Trust, Grayscale Ethereum Trust, Grayscale Ethereum Classic Trust) et un d’Osprey Funds (Osprey Bitcoin Trust).
Une nuance tout de même: les conseillers de JPMorgan ne peuvent exécuter que des transactions cryptographiques « non sollicitées ». Autrement dit, ils sont seulement autorisés à acheter ou à vendre lorsqu’un client le leur demande. Ils ne peuvent pas recommander eux-mêmes les produits cryptos.
Réponse à la demande
Si M. Dimon se montre beaucoup moins véhément que par le passé à l’égard des cryptomonnaies, il avait pourtant encore déclaré en mai dernier ne pas en être partisan, malgré l’intérêt croissant des clients pour celles-ci. Il leur a même conseiller de « rester à l’écart ». Visiblement, cette demande de plus en plus insistante aura eu raison de son opinion personnelle.
Ainsi, la responsable de la gestion des actifs et du patrimoine de JPMorgan, Mary Callahan Erdoes, avait confié à Bloomberg que les clients de la banque étaient de plus en plus demandeurs.
« Beaucoup de nos clients disent : ‘C’est une classe d’actifs, et je veux investir’, et notre travail consiste à les aider à placer leur argent là où ils veulent investir », a-t-elle expliqué.
Première
Le choix de JPMorgan constitue un net démarquage vis-à-vis de la concurrence.
Goldman Sachs se contente de proposer des produits cryptos à ses clients institutionnels et aux fonds spéculatifs depuis juin. Morgan Stanley les met à disposition de ses clients les plus fortunés (ceux qui ont au moins 2 millions de dollars d’actifs investis) depuis avril.
Mais ni l’une ni l’autre n’en donnent la possibilité à tous leurs clients. JPMorgan s’affiche donc là comme une véritable pionnière en la matière.
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