Les plateformes comme Amazon ne sont-elles qu’une architecture transitoire, déjà obsolète et destinée à disparaître bientôt ? C’est ce qu’a récemment suggéré Bill Gates, fondateur et ancien CEO de Microsoft. Devrions-nous prendre ses prédictions au sérieux ? Gates a souvent été à l’avant-garde des changements technologiques.
Dans l’actualité : Bill Gates suggère que les plateformes numériques pourraient être une architecture temporaire et disparaître dans un avenir proche. C’est ce qu’il a déclaré récemment à l’occasion de la conférence AI Forward 2023.
Les détails : selon lui, les plateformes numériques comme Amazon offrent des avantages en termes d’efficacité par rapport aux canaux physiques, et leur succès repose sur des coûts de transaction plus faibles grâce à 3 leviers :
1. L’accès en ligne à une offre énorme, sans délocalisation.
2. Des outils pour faciliter la prise de décision, comme la comparaison des prix et l’IA.
3. Optimisation logistique du stockage et de la livraison grâce à la robotisation, à l’IA, etc.
Les détaillants en ligne perdent le fondement de leur compétitivité
Zoom sur : Mais… L’IA générée pourrait bouleverser tout cet écosystème. Les géants des plateformes perdraient leur relation directe avec les clients et les données.
- Prenons l’exemple d’Amazon. Supposons qu’OpenAI devienne le premier assistant personnel des consommateurs, en saisissant les préférences de ces derniers.
- Dans ce scénario, Amazon perdrait son accès direct aux données des clients et pourrait devoir payer une commission à l’outil d’IA pour générer du trafic sur son site web.
- Cela affecterait la capacité prédictive du détaillant en ligne, qui est précisément le fondement de sa position concurrentielle.
Les GAFAM sont également vulnérables à l’innovation technologique
Zoom arrière : Bill Gates nous rappelle ainsi que nous ne sommes pas encore au bout du processus de disruption et que même les tout-puissants GAFAM (Google – Alphabet – Facebook – Apple – Microsoft) restent vulnérables à l’innovation technologique.
Le site de recherche français Xerfi soulève quelques questions pertinentes sur cette évolution.
- Si l’IA prend en charge nos achats de manière autonome, sur quoi fonde-t-elle ses décisions alors que notre propre comportement ne permet plus de connaître nos préférences ? Comment intègre-t-elle les nouveaux développements ?
- Si le désir d’acheter est entièrement dans la boîte noire de l’IA, comment le marketing peut-il encore capitaliser sur l’imagination et la subjectivité humaines pour pousser à la consommation ?
- Une société de consommation qui perd le plaisir de consommer ? À quoi les gens consacrent-ils leur temps libre si l’IA consomme de manière optimale ?
Conclusion : l’IA est un défi pour les plateformes, mais tant qu’il s’agit d’un assistant et non d’un remplacement complet de l’intelligence humaine, elle ne fera au mieux qu’échelonner les plateformes, et non les faire disparaître.
(JM)
