IA et blockchain: l’Europe devrait investir 10 milliards d’euros par an pour combler son retard sur la Chine et les États-Unis

‘L’Union peine à transformer son excellence scientifique en succès économique’, déplore la nouvelle étude de la Banque européenne d’investissement (BEI).

‘Les technologies les plus transformatrices et perturbatrices de notre époque’. Voilà comment sont qualifiées l’intelligence artificielle (IA) et la blockchain par la vice-présidente de la BEI, Teresa Czerwińska, en préambule d’un nouveau rapport d’analyse stratégique.

La transition en cours vers une économie numérique a indéniablement été accélérée par la pandémie. Et ces deux technologies joueront un rôle central dans le cheminement vers une reprise durable et résiliente, et vers la souveraineté technologique de l’Europe.

Course au leadership

Toutes les grandes économies du monde font la course pour atteindre une position de leader dans le développement et le déploiement de l’IA et de la blockchain. Un sprint où l’UE est à la traîne, en particulier sur le front du financement.

‘Nous devons donner à nos start-ups émergentes plus de puissance de feu pour être compétitives au niveau mondial, et insuffler confiance et conviction pour soutenir nos futurs champions de la tech’, appelle de ses vœux la VP de la BEI.

Sous-investissement considérable

L’Union européenne devrait investir entre 5 et 10 milliards d’euros par an pour combler son retard sur la Chine et les États-Unis en matière d’intelligence artificielle et de technologies blockchain, souligne l’étude de l’EIB.

‘Les entreprises et gouvernements en Europe sous-investissent considérablement dans l’IA et la blockchain par rapport à d’autres régions de premier plan. Il est devenu évident que l’UE peine à traduire son excellence scientifique en application commerciale et succès économique’, notent les rapporteurs.

Pas de faiblesse structurelle

Pourtant, par rapport aux autres grands systèmes économiques, l’économie de l’UE ne présente pas de différences structurelles qui pourraient justifier une demande plus faible des entreprises pour déployer ces technologies et se lancer dans la transformation numérique.

Quoiqu’il en soit, les États-Unis et la Chine représentent ensemble plus de 80% des 25 milliards d’euros d’investissements annuels dans l’IA et la blockchain, tandis que l’UE ne représente que 7% de ce montant mondial, avec environ 1,75 milliard d’euros.

En plus, l’écosystème européen du capital-risque semble surtout fournir des financements de départ pour les PME (10% du total des investissements VC, contre 5% aux États-Unis).

‘Mais il est nettement moins performant pour financer les phases d’expansion et de croissance’, épingle l’étude de la BEI.

Collaboration en bloc

Les goulets d’étranglement dans le financement de l’IA et de la blockchain nécessitent une réponse stratégique et globale entre le public et le privé. Cela dit, le financement seul ne suffit pas. Repositionner l’Europe sur ces technologies nécessite de renforcer et connecter davantage les écosystèmes afin de transformer plus rapidement et plus efficacement les idées brillantes en valeur commerciale.

Malgré les innombrables avantages et opportunités qu’apportent l’IA et la blockchain, la communauté scientifique, le monde des affaires et les décideurs politiques européens doivent prêter une attention particulière aux défis et aux risques associés.

‘Union innovante’

Ne se limitant pas à critiquer la situation, l’étude de la BEI a identifié trois grands axes à améliorer dans le paysage européen de l’IA et de la blockchain : le développement, le déploiement et l’écosystème d’innovation.

Il convient de stimuler le financement du développement et de la mise à l’échelle de l’IA et de la blockchain, de soutenir l’adoption de ces technologies sur le marché européen et d’assurer l’intégration d’un écosystème d’innovation européen.

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