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« L’utilisation aveugle de l’hydrogène pourrait ralentir la transition énergétique »

« L’utilisation aveugle de l’hydrogène pourrait ralentir la transition énergétique »
Francesco La Camera, directeur général de l’Irena, et des réservoirs d’hydrogène vert en Espagne. (David Zorrakino/Europa Press via Getty Images, Angel Garcia/Bloomberg via Getty Images)

Dans un rapport publié dans le cadre de la COP27, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) met en garde contre les possibles dérives autour de l’hydrogène. Celui-ci doit effectivement jouer un rôle clé dans la transition, à condition d’être utilisé à bon escient.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis quelques années, un nombre grandissant de pays - dont la Belgique - disent voir dans l'hydrogène une des principales solutions pour la transition verte. Toutefois, il reste un (très) long chemin à parcourir avant qu'il ne puisse pleinement déployer l'incroyable potentiel que certains lui prêtent.

L’actualité : l’Irena invite à ne pas faire n’importe quoi avec l’hydrogène.

  • Dans un rapport publié à l’occasion de la COP27, l’Irena prévient que « l’utilisation aveugle de l’hydrogène pourrait ralentir la transition énergétique ».
  • « Malgré le grand potentiel de l’hydrogène, il ne faut pas oublier que sa production, son transport et sa conversion nécessitent de l’énergie, ainsi que des investissements importants », note-t-elle.

Le détail : selon l’agence, il faut se mettre des priorités.

  • Face aux nombreux défis que présente l’hydrogène, l’Irena invite les décideurs à se fixer des priorités claires. Elle leur en soumet deux :
    • La décarbonnisation des applications existantes de l’hydrogène.
    • L’utilisation de l’hydrogène dans des « grands pôles de demande » difficiles à décarboner et à électrifier, tels que l’aviation, la sidérurgie, le transport maritime et la chimie.

Le rappel utile : l’hydrogène n’est pas vert par nature.

  • Si certains pays prônent l’hydrogène vert, d’autres sont parfois plus flous dans leurs intentions. Il est pourtant très important de distinguer cet hydrogène vert de ceux d’une autre couleur.
    • L’hydrogène vert est produit à partir d’énergies renouvelables.
    • Le noir à partir de charbon.
    • Le gris à partir de gaz naturel.
    • Le bleu à partir de gaz naturel, avec un système de capture du CO2.
    • Le rose à partir d’énergie nucléaire.
  • Actuellement, à travers le monde, l’hydrogène reste surtout produit via des combustibles fossiles et particulièrement du gaz, car c’est moins cher.

Une production démultipliée dans les prochaines décennies

Les acteurs : les pays du G7 invités à montrer l’exemple.

  • Selon les estimations de l’Irena, l’utilisation d’hydrogène par les pays du G7 pourrait être multipliée par quatre à sept d’ici le milieu du siècle par rapport à 2020. Ces nations ont donc clairement un rôle à jouer.
  • « Le G7 a une empreinte économique considérable, puisqu’il représente 30% de la demande énergétique mondiale. Grâce à une action commune et à une collaboration ciblée, il peut être le premier à agir et à déterminer les conditions d’un futur marché de l’hydrogène, conformément au Pacte d’action pour l’hydrogène », a déclaré Francesco La Camera, directeur général de l’Irena.
    • Ce pacte, signé en juin dernier par les membres du G7, vise à accélérer le développement de l’hydrogène bleu et vert et des dérivés tels que l’ammoniac.
  • En outre, l’Irena enjoint les pays du G7 à partager leur savoir(-faire) et leurs financements avec les autres pays, afin que « le marché émergent de l’hydrogène ait le potentiel d’être plus inclusif, avec des opportunités pour les pays développés et en développement ».

La conclusion : ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

  • Si l’Irena met en garde les décideurs, c’est qu’elle croit elle aussi au potentiel de l’hydrogène. Elle espère seulement qu’il sera bien exploité.
  • Dans un avant-propos au rapport, Francesco La Camera, cité par CNBC, a ainsi déclaré qu’il était « devenu évident que l’hydrogène doit jouer un rôle clé dans la transition énergétique si le monde veut atteindre l’objectif de 1,5 °C fixé par l’accord de Paris ».
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