Mardi soir, une forte explosion a frappé l’hôpital Arab Al-Ahli, à Gaza. Le bilan exact reste inconnu, mais plusieurs sources palestiniennes évoquaient des « centaines de morts ». Les premières réactions ont fustigé un crime de guerre israélien. Sauf qu’à l’heure d’écrire ces lignes, les éléments factuels qui remontent semblent plutôt accuser le Hamas ou le Djihad islamique palestinien (DIP).
Frappe sur un hôpital à Gaza : un faisceau de preuves qui pointe de plus en plus vers le Hamas ou le Djihad islamique

Pourquoi est-ce important ?
Sous le choc, le monde arabe a unanimement blâmé Israël. Dans de nombreux pays, on a appelé les Occidentaux à condamner unilatéralement l'État hébreu pour un "massacre", parfois présenté comme intentionnel. Et en Europe, nombreux étaient déjà les politiciens et les acteurs du monde médiatique à mettre face à face la violence terroriste du Hamas avec celle, non vérifiée dans ce cas, d'Israël. Sauf que le lendemain, ça n'était déjà plus si simple. Le secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, James Cleverley, était l'un des rares, mardi soir, à vouloir attendre les faits.« Accident de tir » du Djihad islamique ?
Ce qu’on sait : même s’il faut se méfier des surinterprétations, voici les faits qui remontent mercredi.
- Des images prises mardi soir au-dessus de Gaza, capturées par Al Jazeera, la chaine TV qatarie, montrent une roquette, tirée depuis une zone urbaine de Gaza. Celle-ci semble ensuite se désagréger, mais un gros fragment semble retomber dans la zone environnant l’hôpital.
- Il n’est pas exclu que ce soit l’œuvre d’un projectile intercepteur israélien, mais il est peu probable que ceux-ci puissent cibler un projectile qui vient seulement de décoller. La thèse d’un « accident de tir » d’une roquette du Hamas ou du Djihad islamique, l’autre organisation terroriste armée au sein de Gaza, semble donc plus probable.
- Israël frappe bien Gaza, une zone urbaine très densément peuplée, avec des moyens dont on peut douter de la précision. Mais le Hamas et le DIP, qui ont fait de Gaza leur citadelle, tirent toujours des projectiles vers l’État hébreu, et ce, depuis ces zones peuplées de civils, parfois depuis les toits des immeubles.
- Sur ces images d’une caméra de surveillance, repartagées par un journaliste israélien du Times of Israel, on semble voir la même scène sous un autre angle.
Biden prend position
Le président américain est arrivé ce mercredi matin en Israël, malgré l’annulation de sa rencontre avec les dirigeants jordaniens et égyptiens, ainsi que Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne. Ces derniers ont voulu ainsi protester contre cette frappe, présentée comme israélienne.
- Mais le président américain s’est dit « triste et indigné » par l’explosion d’un hôpital « perpétrée par la partie adverse. » Il a choisi son camp, donc, et de la part d’un président américain, on peut supposer que c’est parce qu’il est convaincu que son allié n’y est pour rien.
- Le gouvernement israélien en a profité pour montrer ses « preuves » qu’il n’y était pour rien dans le bombardement de l’hôpital, accusant nommément le Djihad islamique. Par exemple, un audio entre deux supposés membres du Hamas qui parlent d’un accident provoqué par le DIP dans la zone, depuis un cimetière, à côté de l’hôpital. Un audio délivré par l’armée israélienne.
- Le porte-parole des forces de défenses israéliennes, Daniel Hagari, a déclaré, images à l’appui, que le gaz propulseur de la roquette s’était enflammé et avait provoqué l’explosion. Il a aussi estimé que les images du site, le lendemain matin, montraient que cette explosion ne pouvait pas avoir été causée par le bombardement israélien, faute de cratère. Cette image, authentifiée, montre que c’est surtout le parking de l’hôpital qui a été touché, peu les infrastructures autour.
- Finalement, ce jeudi, un membre des services de renseignement européen a affirmé à l’AFP que l’Etat d’Israël n’y était pour rien dans cette frappe, et qu’il fallait plutôt parler de « 10 à 50 morts », très loin des 500 à 800 morts évoqués par le Hamas.