Ou le bouleversement complet du système de travail qatari, que certains qualifient ‘d’esclavagiste.’
Jusqu’ici, le Qatar utilisait la kafala, un système de parrainage pour les travailleurs immigrés. Il a annoncé y mettre fin, ainsi que de mettre fin à l’obligation de visa de sortie de territoire pour tous et d’introduire un salaire minimum d’ici janvier 2020.
C’est historique
Avec 90% d’étrangers et 1,9 million de travailleurs immigrés, c’est une décision importante qui a été prise par le Conseil des ministres. Les Qataris ne sont que 300 000 en comparaison.
Les travailleurs viennent du Sud-est asiatique, du Pakistan, du Bangladesh ou d’Égypte. Ils sont les piliers du Qatar, et assurent des fonctions comme ouvriers du bâtiment, domestiques ou chauffeurs de taxi.
Le Kafala, c’est quoi ?
La fin de la kafala est synonyme de la fin du visa de sortie obligatoire du territoire pour tous, à l’exception des militaires. En clair, jusque maintenant, votre employeur qatari bénéficiait d’une application sur son smartphone. Lorsque vous vouliez quitter le territoire, la police aux frontières lui envoyait une notification. Et il avait le droit d’accepter ou de refuser votre départ.
Les employés pourront aussi quitter leur emploi avant la fin de leur contrat. Le deal sera que le nouvel employeur rembourse les frais engagés pour ce travailleur auprès de l’ancien employeur. Jusqu’ici, votre employeur devait vous remettre un certificat de non-objection pour valider ce changement de poste, et vous ‘perdiez’ souvent la possession de votre passeport durant l’opération.
Enfin, un salaire minimal de 185 euros par mois va être imposé (750 rials qataris). Il faut savoir que le logement et la nourriture sont normalement assurés par l’employeur.
Le bémol
On perçoit clairement l’ombre du Mondial 2022 sur ces nouvelles positions qataries. De plus, comme le souligne un observateur de Doha à La Libre, ‘face à l’embargo qu’il subit de ses pays voisins, l’Arabie saoudite et les Emirats, le Qatar essaie de sortir par le haut.’
Mais on peut se demander si ces nouvelles résolutions ne seront pas un vernis de vitrine. Car concrètement, qui ira contrôler que les ouvriers du bâtiment peuvent bien changer d’emploi sans limites ou entraves ? Qui va contrôler les familles qataries et leur comportement par rapport aux employés de maison ?
Le sous-secrétaire-adjoint aux Affaires sociales du Qatar n’a pas mâché ses mots face aux doutes : ‘nous ne faisons pas des lois pour qu’elles ne soient pas appliquées.’