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De « faucon » à « colombe » : comment le discours de la Fed a changé

De « faucon » à « colombe » : comment le discours de la Fed a changé
Jerome Powell – Al Drago/Bloomberg via Getty Images

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale (Fed), banque centrale des États-Unis, a changé son fusil d’épaule. Il y a deux semaines, il apparaissait encore comme un faucon, c’est-à-dire un banquier central favorable à une politique monétaire restrictive. Avec la hausse des taux annoncée ce mercredi, il fait la colombe, c’est-à-dire qu’il adopte un discours en faveur d’une politique monétaire plus souple.

Pourquoi est-ce important ?

Le vent a tourné. Les taux d'intérêt élevés sont en partie responsables de l'effondrement de Silicon Valley Bank et des pressions que connaissent d'autres banques. La Fed marche un peu sur des œufs et se veut prudente, pour ne pas aggraver les perspectives.

Dans l’actu : La Réserve fédérale a élevé son taux d’intérêt directeur mercredi.

  • Il s’agit d’une hausse de 25 points de base. C’était largement anticipé par les marchés.
  • La fourchette des taux est maintenant à 4,75 à 5%.

Du « faucon »…

Le flashback : faire peur aux marchés.

  • Au début de l’année, un certain enthousiasme régnait sur les marchés boursiers, alimenté par la prévision que la fin de la hausse des taux était proche. Ce qui ne convenait pas vraiment aux banquiers centraux, car un marché en pleine reprise rend la lutte contre l’inflation plus difficile.
  • Jerome Powell et consorts sont donc régulièrement sortis du bois pour dire que les hausses des taux n’étaient pas encore arrivées au bout de leur chemin. Toutes les prises de parole n’ont pas permis de freiner la bourse.
  • Mais petit à petit, les prévisions de la fin des hausses des taux ont commencé à changer sur Wall Street. Plus de taux, pendant plus longtemps… Puis Jerome Powell est venu taper sur le clou, devant le Congrès américain, le 8 et 9 mars. Cette fois, il avait enfin réussi à faire peur aux marchés.

Ironie du sort : Le 10 mars, soit le jour après son intervention, Silicon Valley Bank s’est effondrée. Les autorités l’ont fermée et ont nommé un administrateur judiciaire. Les taux d’intérêt étaient en partie responsables de cet effondrement, le premier d’une telle ampleur depuis Lehman Brothers.

…. à la « colombe »

L’essentiel : le vent a tourné.

  • En seulement deux semaines, la donne a bien changé. C’est dû à la crise bancaire qui a déferlé sur les États-Unis et l’Europe, entre-temps. Aux États-Unis, les petites banques et banques régionales sont sous le feu des projecteurs. En résumé : les hausses des taux d’intérêt mettent les banques sous pression.
  • Dans son discours de mercredi, à la conférence de presse où il a annoncé la hausse des taux d’intérêt, Jerome Powell a changé de vocabulaire. Là où avant, il parlait « d’augmentations continues », il mentionne désormais « qu’un raffermissement supplémentaire de la politique pourrait s’avérer nécessaire » – un ton déjà plus soft.
  • Il explique aussi que le Comité réfléchissait à appuyer sur pause et ne pas augmenter les taux. Entre les lignes de son discours, on peut finalement lire que la fin des hausses des taux est proche.
  • L’intérêt derrière ce discours plus doux est clairement de ne pas inquiéter les banques. Faire peur aux marchés est une chose, mais semer la panique dans le monde bancaire est une autre.

Le détail : les marchés ne croient toujours pas ce que dit Powell.

  • Le président de la Fed change de ton pour devenir « dovish » : les marchés imaginent alors qu’il l’est encore plus que ce qu’il laisse apparaître. En clair, il affirme qu’il n’y aura pas de baisses des taux en 2023. Voilà l’occasion pour les marchés de comprendre qu’une baisse des taux pourrait avoir lieu bientôt. Fin juillet même, imaginent-ils, selon l’expert boursier Holger Zschaepitz.
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