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Voici pourquoi la hausse des taux d’intérêt menace de faire chuter les banques comme un vulgaire château de cartes

Voici pourquoi la hausse des taux d’intérêt menace de faire chuter les banques comme un vulgaire château de cartes
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne. (BCE)

Cela peut paraitre contre-intuitif, mais si les taux d’intérêt sont trop élevés et le restent pendant une période prolongée, cela peut menacer la stabilité financière des banques et leur capacité à générer des bénéfices à long terme.

Pourquoi est-ce important ?

"En remontant les taux d'intérêt, nous pouvons faire baisser l'inflation", affirmait la Banque centrale européenne le 21 juillet 2022. L'objectif de l'institution : ramener l'augmentation des prix à 2% maximum. On en est encore loin, et cette chasse à tout prix de l'inflation pourrait bien coûter très cher aux banques, qui offrent des coûts d'emprunt considérablement plus élevés. On l'a vu avec la faillite de trois banques aux États-Unis, et avec le sauvetage en urgence de Credit Suisse.

Zoom arrière : En juillet 2022, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne a relevé les taux d’intérêt pour la première fois en onze ans. Depuis, un total de six hausses des taux ont été décidées, la dernière pas plus tard qu’à la mi-mars, pour une augmentation cumulée de 350 points de base. Si ce fort resserrement monétaire vise à lutter contre l’inflation élevée, les taux d’intérêt élevés exposent désormais les faiblesses des banques, avec l’ombre d’une crise bancaire au-dessus de nos têtes.

Défaut et demande de crédit

Le b.a.-ba : Le taux d’intérêt correspond au prix que la banque vous facture pour vous prêter de l’argent. En théorie, une hausse de ces taux permet donc de renflouer davantage les caisses de la banque. Tout bénéfice ? Pas lorsque ces taux élevés s’inscrivent dans le long terme, au contraire.

  • Le risque d’augmentation des défauts de crédit des emprunteurs.
  • Le risque de diminution des demandes de crédit.
  • Le risque des prêts à taux fixe (plus bas que les taux réels).
  • Le risque d’une concurrence féroce.

Les obligations d’État

Ces titres de créances émis par un État pour financer ses dépenses en empruntant des fonds sur les marchés financiers peuvent également faire s’effondrer tout le château de cartes.

  • Les banques achètent régulièrement des obligations considérées comme très sûres pour répondre aux exigences réglementaires de détention d’un volume suffisant de liquidités de « haute qualité », mises en place à la suite de la crise financière de 2008.
  • Sauf que la hausse continue des taux a fini par réduire la valeur de ces obligations.
    • Les obligations achetées il y a un an, par exemple, ont subi une forte dépréciation, car elles offrent des taux d’intérêt inférieurs à ceux des obligations vendues aujourd’hui, comme le relève le Financial Times.
  • Si les banques se retrouvent forcées de vendre ces obligations d’État pour répondre aux sorties de dépôts (bank-run), comme ce fut le cas pour Silicon Valley Bank, elles subiront de fortes pertes et risquent d’effrayer à la fois les investisseurs et les déposants. Un cercle vicieux.
    • Dans la zone euro, les déposants ont retiré 214 milliards d’euros au cours des cinq derniers mois, soit 1,5% du total des dépôts.
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