Le rapport sur l’emploi aux États-Unis montre qu’il y a eu plus d’emplois créés en décembre que prévu. Pourtant, Wall Street clôture la journée dans le vert – un rebond assez fort pour tout de même finir la semaine dans le vert. Il s’agit d’une réaction atypique, car les chiffres positifs du marché du travail alimentent habituellement les craintes que la Réserve fédérale poursuive le resserrement de sa politique monétaire. Comment l’expliquer ?
Gros rebond à Wall Street ce vendredi, malgré des données d’un marché du travail toujours tendu
Pourquoi est-ce important ?
Le président de la Fed, Jerome Powell, a déjà souligné à plusieurs reprises que le refroidissement du marché du travail est l'une des principales conditions pour mettre fin au resserrement de la politique monétaire. La banque centrale américaine a déjà relevé ses taux d'intérêt de 425 points de base cette année.Dans l’actu : Wall Street clôture la journée dans le vert, avec un fort rebond.
- Le Dow Jones affiche un gain de 2,13%.
- Le S&P500 est en hausse de 2,28 %.
- Le Nasdaq 100 est en hausse de 2,78%.
- Autre hausse : cette dernière journée parvient à renverser la tendance du cours encore observée ce vendredi avant l’ouverture, et les trois indices clôturent finalement la première semaine de l’année dans le vert. Une hausse de respectivement 1,53, 1,72 et 1,89%.
Les détails : Les investisseurs réagissent positivement au rapport sur l’emploi américain. Même si le nombre d’emplois créés en décembre a été supérieur aux prévisions (ce qui laisse présager d’autres hausses de taux d’intérêt et un tel rapport, avec un nombre supérieur aux estimations, a fait chuter les cours plusieurs fois en 2022).
- Au total, 223.000 emplois ont été créés le mois dernier. Le marché s’attendait à une augmentation de 200.000 emplois.
- Le taux de chômage a également été plus faible que prévu. Il s’est établi à 3,5%, c’est-à-dire qu’il a baissé par rapport à novembre (où il affichait 3,6%). Les économistes tablaient sur un taux de chômage de 3,7% pour le mois de décembre.
- Un marché du travail tendu effraie les investisseurs, car Powell a souligné à plusieurs reprises que le marché du travail devait se refroidir avant qu’il ne retire son pied du frein.
L’essentiel : pourquoi est-ce que Wall Street voit tout de même ses indices partir en flèche ?
- Les investisseurs semblent accorder une attention particulière aux salaires horaires. Ceux-ci ont augmenté moins fortement que prévu.
- Le salaire horaire a augmenté de 0,09 $ pour atteindre 32,82 $ le mois dernier. Il s’agit d’une augmentation de 0,3% sur une base mensuelle, contre une attente de 0,4%. L’augmentation en glissement annuel (4,6 %) a également été inférieure aux prévisions (5%).
- Une autre raison derrière cette hausse pourrait aussi être que le nombre d’emplois créé a certes dépassé les estimations, mais il est en baisse par rapport aux autres mois, compare Yahoo Finance.
- Ces différents éléments ne changent en tout cas pas l’avis du marché, ou le confirment même. Il s’attend toujours à une hausse de 25 ou 50 points de base lors de la prochaine réunion, glisse Alexandra Wilson-Elizondo de Goldman Sachs à Yahoo. Et d’ajouter : « Il est fort probable que le rapport s’ajoutera au récit croissant d’un environnement désinflationniste croisant une économie robuste, et donc un atterrissage en douceur ».
- Puis les hausses des taux d’intérêt ne pourront de toute manière pas continuer éternellement (même s’ils devraient rester élevés un bout de temps). La prochaine pourrait même être la dernière, selon certains. La Fed ne se base pas que sur les emplois créés, mais aussi, entre autres, sur l’inflation.
- La chute de l’inflation de 90 points de base en Europe, communiquée ce vendredi, pourrait ainsi amener les investisseurs américains à imaginer que l’inflation est aussi (bien) en baisse de leur côté de l’Atlantique. Elle a déjà reculé ces derniers mois.
- En 2022, les marchés étaient obnubilés par ce genre de données, et essayaient d’en interpréter la trajectoire des taux d’intérêt. Mais certains analystes appellent à moins se concentrer sur la Fed et à garder d’autres éléments en tête, comme les bénéfices trimestriels des entreprises. Reste à voir si la bourse changera sa focale en 2023, et comment les différentes nouvelles affecteraient alors les cours.
A l’avenir : gare aux rallyes.
- Dans le procès-verbal de la dernière réunion de la Fed, publié mercredi, on peut lire : « Un certain nombre de participants ont souligné qu’il serait important de communiquer clairement sur le fait qu’un ralentissement du rythme des hausses de taux n’est pas le signe d’un affaiblissement de la détermination du Comité à atteindre son objectif de stabilité des prix ou d’un jugement selon lequel l’inflation est déjà sur une trajectoire descendante persistante ».
- Pour certains observateurs, cela est un signe que la Fed pourrait essayer de freiner les rallyes boursiers, tant que l’inflation n’est pas sous contrôle. La Fed craint d’ailleurs qu’un emballement à la bourse lui rendrait la tâche plus difficile. Mais il est encore tôt pour dire si cette semaine clôturée dans le vert se développera en un véritable rallye et un marché haussier.
Zoom arrière : les marchés boursiers américains ont baissé ces derniers jours à chaque fois que des informations sur la tension du marché du travail sont parues.
- Les chiffres de l’entreprise spécialisée dans la paie ADP ont fait plonger les marchés boursiers américains dans le rouge jeudi, car ils montraient que la croissance de l’emploi outre-Atlantique a été beaucoup plus forte que prévu en décembre.
- Les chiffres sur les postes vacants publiés par le ministère américain du Travail ont également provoqué des turbulences à Wall Street mercredi. Ceux-ci ont montré que le nombre d’offres d’emploi en novembre s’élevait à 10,46 millions, contre 10,51 millions en octobre. Une légère baisse, mais les chiffres sont toujours plus élevés que prévu.