Grève en plein lockdown: les syndicats sont déterminés, les employeurs furieux

Faire la grève et rester chez soi est la meilleure façon de se protéger et de protéger les autres contre le coronavirus’, déclare le syndicat socialiste FGTB/ABVV à l’approche de la grève nationale du lundi 29 mars. Les organisations faîtières patronales considèrent qu’une grève générale additionnée à un lockdown, avec toute la misère économique qui en découle, est irresponsable.

Lundi prochain, nous assisterons à une première dans l’histoire sociale de ce pays: une grève générale pendant un lockdown dû à une pandémie. Mais faire grève dans de telles conditions, comme ça se présente ?

  • La FGTB/ABVV appelle ses militants à ‘surtout faire grève chez eux’. Sa section flamande propose le slogan ‘Reste dans ta chambre pour des salaires plus élevés’. ‘Nos salaires sont bloqués ? Alors nous le sommes aussi’, ajoutent les syndicalistes.
  • Les piquets de grève sont autorisés mais, en principe, uniquement ‘par groupes de quatre personnes’, précise le syndicat socialiste. ‘Il est possible d’être plus nombreux (jusqu’à maximum 50 personnes) à condition d’obtenir, à l’avance, l’autorisation de la commune.’
  • Et, toujours selon la FGTB/ABVV : ‘Respectez TOUJOURS les règles sanitaires (distance, masque buccal, gel)’.
  • La FGTB/ABVV et la CSC/ACV mettront en place des barrages filtrants à l’entrée Brucargo lundi. Le trafic de fret en provenance et à destination de l’aéroport de Zaventem ne sera autorisé que de manière très limitée. Une quarantaine de militants sont attendus, répartis en petits groupes.
  • Les principales sociétés de transports en commun (TEC, STIB, De Lijn, SNCB) s’attendent à d’importantes perturbations, sans pour autant pouvoir dire à l’avance quels seront les lignes qui cesseront de circuler, ni dans quelles proportions.
  • ‘La créativité est au cœur du message pour ce 29 mars’, déclare l’ACV Voeding en Diensten. ‘Les actions à grande échelle sont hors de question, mais une grève à domicile est possible. Faites entendre votre voix numérique ! Partagez une photo de votre poche/portefeuille vide sur les réseaux sociaux’.

Les syndicats veulent passer à l’action après l’échec des négociations salariales avec les employeurs sur un chiffre directeur pour les augmentations de salaire dans le secteur privé. Le Conseil central de l’économie, une plate-forme consultative, n’envisagent comme marge de manœuvre qu’une augmentation salariale de 0,4 % au cours des deux prochaines années. Les syndicats qualifient cette marge ‘d’aumône’.

‘C’est possible uniquement en Belgique’

Le Voka, l’organisation patronale flamande, a réagi avec son propre slogan: ‘Frappez maintenant, et notre prospérité se fissurera complètement’. Une journée de grève coûte des dizaines de millions à la Flandre, affirme l’organisation.

‘C’est vraiment incompréhensible et irresponsable. Une grève frappera à nouveau durement toutes les entreprises qui sont en difficulté depuis un an maintenant. Tout le monde sent que c’est le pire moment possible pour donner un coup supplémentaire à notre économie’, a déploré Hans Maertens, le PDG du Voka. ‘De plus, notre position concurrentielle internationale et notre réputation souffriront d’une grève. Une grève nationale ne sera organisée dans aucun autre pays européen pendant cette crise du coronavirus. Mais en Belgique, ce sera le cas.’

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