Le revirement de Tsipras coûte le pouvoir à Syriza

En Grèce, le parti Nea Dimokratia (ND) du chef de l’opposition Kyriakos Mitsotakis (notre photo) a remporté dimanche les élections législatives comme prévu. Mitsotakis sera investi lundi en tant que nouveau Premier ministre. Alexis Tsipras a déjà félicité son concurrent Mitsotakis pour sa victoire. Cela fait de la Grèce le premier pays de l’UE à se détourner du populisme et à opter de nouveau pour l’establishment.

Avec près de 90 % des votes comptés, ND termine avec près de 40 % des votes. Syriza, le mouvement du Premier ministre en exercice, Alexis Tsipras, n’a réussi à convaincre que 32 % des électeurs. 

La surprise des urnes est la défaite du parti néo-nazi Aube Dorée, qui n’atteint pas le seuil électoral de 3 %. Le mouvement nationaliste et pro-russe Solution grecque s’est emparé d’un grand nombre d’électeurs d’Aube dorée et a atteint le seuil électoral. Il en va de même pour MeRA25, le parti de l’ancien ministre des Finances Yanis Varoufakis. Il remporte 9 sièges.

Les élections parlementaires étaient prévues pour octobre en Grèce, mais des élections anticipées ont été organisées après la défaite du parti du Premier ministre Tsipras lors des élections européennes de mai.

Tsipras est Premier ministre depuis le début de 2015, mais il paie maintenant le prix des coupes budgétaires que la Grèce a dû mettre en œuvre pour pouvoir bénéficier d’une aide d’urgence de l’Europe. Sa popularité a encore diminué lorsqu’il a signé un accord pour renommer la Macédoine voisine en Macédoine du Nord.

La Realpolitik et le revirement de Tsipras

Cependant, beaucoup de ses électeurs ne lui ont jamais pardonné le tournant qu’il a effectué en 2015. Ce virage était nécessaire pour ne pas perdre le soutien de la troïka composée du FMI, de l’UE et de la BCE. A l’époque, Tsipras n’avait eu d’autre choix que d’accepter un plan d’austérité drastique.

Au cours des derniers mois, il a essayé de sauver les meubles en augmentant le salaire minimum et en appliquant quelques autres mesures sociales, mais en fin de compte, ces efforts se sont avérés trop faibles et surtout, ils ont été faits trop tard.

Tsipras a été débarqué dimanche par une classe moyenne gravement touchée par les coupes budgétaires imposées par son Premier ministre, et qui attend encore aujourd’hui les fruits de la reprise économique.

Le populisme promu par Syriza,   qui critiquait non seulement le FMI et l’UE, mais aussi l’establishment grec et les élites, suffisait en 2015 pour s’emparer du pouvoir. La dure réalité est que les souhaits de Syriza ne correspondaient pas à la realpolitik de la troïka. C’est ce que Tsipras a rapidement compris, et dont il a payé le prix dimanche.

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