Deux géants de l’énergie – l’un de l’éolien offshore, l’autre du pétrole – sont entrés en conflit en mer du Nord britannique. D’après Orsted, BP bloque sciemment le développement d’un de ses parcs. Une coexistence pacifique serait pourtant possible.
Dans une lettre adressée à l’inspection britannique de l’urbanisme, Orsted énonce le fait que BP lui empêche l’accès à une zone de chevauchement des fonds marins en mer du Nord. L’entreprise danoise veut y construire Hornsea 4 pour ajouter 2.6 GW à ce qui est déjà le plus grand parc éolien offshore au monde, au large du Yorkshire.
Tant l’entreprise danoise que la compagnie britannique ont pourtant obtenu les autorisations nécessaires pour permettre le développement de leurs projets respectifs. Cette dernière souhaite y développer un projet sous-marin de capture, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS).
25% de Hornsea 4 en danger
Orsted estime que le blocage mis en place par BP risque d’empêcher la construction d’un quart de Hornsea 4. A savoir environ 45 turbines et e 675 MW de capacité. Ce qui rendrait le parc non compétitif.
« Cela aurait pour effet de rendre le projet beaucoup moins compétitif sur le plan commercial et pourrait empêcher Hornsea 4 de concourir pour un contrat de différence », déplore la société danoise.
Orsted affirme qu’une approche aussi draconienne n’est pas nécessaire et que l’exclusion de ses turbines va à l’encontre de la politique du gouvernement britannique qui vise une expansion rapide de l’éolien en mer pour atteindre les objectifs nationaux de décarbonisation.
BP veut conserver l’avantage
Dans une lettre, BP a affirmé qu’il avait besoin de cet espace pour permettre l’accès aux puits de secours et aux plates-formes offshore, ainsi que l’accès aux hélicoptères nécessaires au transfert des équipages. La perte de la zone de chevauchement rendrait son projet non viable.
L’entreprise britannique a aussi souligné le fait que Hornsea 4 présente moins de contraintes géologiques et « une plus grande flexibilité dans l’emplacement des éoliennes », ce qui devrait donner à son projet la priorité en matière de développement.
« Avec une différence d’au moins 12x dans le potentiel de réduction du carbone entre les projets, des choix stratégiques doivent être faits pour assurer une utilisation optimale des ressources britanniques », a aussi fait valoir BP.
Solution à l’amiable ?
BP a toutefois fait part de son souhait de « trouver une résolution à ce problème et une issue mutuellement acceptable par le biais des discussions commerciales en cours ».
De son côté, Örsted a rappelé que « la technologie existe pour permettre à l’éolien offshore et au CCUS de travailler en harmonie, mais une véritable collaboration est nécessaire pour préserver les projets futurs ». « Nous continuerons à nous engager étroitement avec toutes les parties prenantes concernées pour travailler à une solution », a ajouté la firme danoise.
Le conflit met en tout cas en lumière les défis que la collocation entre éolien et CCUS en mer implique. Un phénomène pourtant amené à s’accentuer à l’avenir.