Après le gaz, les Etats-Unis remplacent la Russie comme fournisseur de pétrole de l’Europe

Les importations de pétrole russe ont fortement chuté sur l’année 2022. Les États-Unis sont ainsi devenus le premier fournisseur de l’UE. De quoi créer une nouvelle dépendance énergétique ?

Dans l’actu : un rapport d’Eurostat sur les importations de pétrole en Europe en 2022, publié ce mardi.

  • « Des changements significatifs », note l’agence européenne des statistiques d’emblée. Elle rappelle qu’avant la guerre en Ukraine, les origines des importations (et leur part de marché) ne variaient pas grandement.

Le chiffre (1) : le déclin des importations de pétrole russe.

  • La Russie était le fournisseur numéro 1. Entre octobre 2021 et janvier 2022, la Russie livrait entre 40 et 50 millions de barils (sur un mois), ou entre un quart et un tiers des importations.
  • Ensuite, la donne a changé. En février, lorsque la guerre a éclaté, puis en avril, la Russie livrait encore des quantités record (environ 60 millions de barils par mois, contre 30 en mars). Les importations ont chuté par la suite. Entre mai et septembre, elles se tenaient à 24 millions de barils (12% des importations). En décembre, elles n’affichaient plus que 7,645 millions de barils, ou 4% des importations.
    • Pour mémoire : l’embargo sur les importations de pétrole russe, par voie maritime, est entré en vigueur le 5 décembre.

Le chiffre (2) : Les États-Unis prennent la main.

  • En décembre, lorsque les importations russes sont au plus bas, les États-Unis ont été la première source d’approvisionnement de l’Europe, avec près de 35 millions de barils (18%), juste devant la Norvège avec 33 millions (17%), note Eurostat.
    • C’est une forte hausse par rapport à la période octobre 2021 – janvier 2022. Les États-Unis livraient alors 20 millions de barils, représentant entre 10 et 13%. La Norvège et le Kazakhstan importaient des quantités similaires, représentant entre 8 et 14%, note Eurostat.
  • En fouillant les données, on s’aperçoit que ce n’est d’ailleurs pas qu’en décembre que les États-Unis sont le premier fournisseur. Les livraisons américaines dépassent les livraisons russes dès le mois de mai (à l’exception du mois de juin, où les deux sont au coude à coude, et de septembre, où la Russie livre 3 millions de barils en plus).

Après le gaz, le pétrole

L’essentiel : une nouvelle dépendance énergétique ?

  • Dès le début de la guerre, les États-Unis se sont voués à livrer plus de GNL (gaz naturel liquéfié) à l’Europe. Chose promise, chose due : à la fin de l’année, il s’est avéré que Washington était devenu le premier fournisseur de gaz du continent, sous forme de GNL.
  • Voilà qui pose la question de la dépendance énergétique. Avant, l’Europe était largement dépendante de la Russie pour ses approvisionnements en gaz et en pétrole. Cette dépendance s’est avéré être problématique avec la guerre en Ukraine.
  • Cependant, pour le pétrole, les importations depuis les États-Unis ne représentent pas une majorité écrasante, loin de là. Les approvisionnements sont très diversifiés.

Le détail : la flotte fantôme russe.

  • Les données sur les importations de pétrole russe pourraient finalement être un peu floues. La Russie a une flotte de pétroliers fantômes. Ils permettent de livrer du pétrole et d’en dissimuler l’origine. Ainsi, du pétrole russe arrive toujours en Europe, par voie maritime.
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