La Fusion Industry Association (FIA) vient de publier un grand rapport qui traite principalement de l’état des investissements dans le secteur. Au total, les entreprises ont reçu 6,2 milliards de dollars sur une année. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Décryptage.
Plus de 6 milliards de dollars investis dans les entreprises de fusion nucléaire en un an : pourquoi c’est beaucoup et peu à la fois

Pourquoi est-ce important ?
La fusion nucléaire est une technologie ultra-prometteuse. En imitant les réactions qui se passent dans le soleil, l'objectif est de disposer d'une source d'énergie quasiment illimitée et très propre. Encore faut-il que les chercheurs parviennent à passer de la théorie à la pratique. Et pour ça, il faut de l'argent, beaucoup d'argent.Dans l’actu : un important rapport sur l’état de l’industrie de la fusion nucléaire.
- La Fusion Industry Association a interrogé 44 entreprises actives dans la fusion nucléaire à travers le monde. C’est le plus gros rapport du genre.
- Si l’optimisme reste de rigueur, le secteur n’est toutefois pas totalement rassuré.
Les détails (1) : les investissements.
- Au total, les 44 entreprises interrogées (plus de la moitié sont américaines) ont déclaré avoir reçu 6,21 milliards de dollars de nouveaux investissements en un an.
- L’année précédente, ces investissements se chiffraient à 4,8 milliards de dollars. C’est donc beaucoup mieux : 1,4 milliards en plus. Toutefois, la marche en avant est deux fois moins importante, puisqu’un ajout de 2,8 milliards avait été enregistré un an plus tôt.
- « Au cours des deux dernières années, les investisseurs traditionnels en capital-risque se sont sentis plus à l’aise pour investir dans la fusion, mais le montant des investissements qu’ils peuvent faire peut être limité aux investissements d’amorçage (Seed) ou de série A qui caractérisent de nombreux tours de table annoncés dans ce rapport », explique le patron de la FIA, Andrew Holland.
- « Pour soutenir la croissance continue de l’industrie, les entreprises devront trouver un moyen de combler une éventuelle ‘vallée de la mort’ en faisant appel à de nouveaux investisseurs disposant de différents pools de capitaux », ajoute-t-il.
- Traduction : la course reste bien ouverte pour les nouveaux acteurs, mais il ne faudrait pas que les investisseurs tardent à déployer les gros moyens pour permettre à certains de passer à la vitesse supérieure. « Il est clair que la fusion continue de croître et que le marché n’a pas encore été sélectionné », résume Holland.
- La meilleure preuve est que pas moins de 13 entreprises ont été conçues (ou sont sorties du stade embryonnaire) rien que cette année pour venir garnir le panel interrogé par la FIA.
- Parmi ces nouvelles venues, quelques européennes, comme l’allemande Gauss ou la suédoise Novatron.
- Profitons-en aussi pour citer le nom des trois entreprises de fusion nucléaire qui ont attiré le plus de sous : la californienne TAE (250 millions), la chinoise ENN (200) et la japonaise Kyoto Fusioneering (79).
Certaines assurent être prêtes à alimenter le réseau dès 2030
Les détails (2) : emplois et perspectives.
- D’après les réponses des entreprises interrogées, 975 emplois y ont été créés en un an. Le chiffre passe à plus de 3000 si l’on prend en compte l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement de la fusion nucléaire.
- La FIA précise que le nombre réel d’emplois créés est probablement plus élevé, certaines entreprises n’ayant pas répondu à la question.
- Si l’inflation et les taux élevés n’ont pas joué en leur faveur depuis un an, la plupart des entreprises du secteur restent optimistes. Quatre d’entre elles estiment qu’elles pourront fournir de l’électricité au réseau dès 2030, 19 d’ici 2035.
- Car c’est bien là le grand défi de toutes ces entreprises : passer du laboratoire à l’échelle précommerciale, avant d’alimenter réellement le réseau et d’atteindre la viabilité commerciale.
- Pour ce faire, à leur niveau actuel, les investissements privés ne suffiront pas. Il faudra aussi compter sur les aides publiques. Et justement, elles arrivent.
- « Nous assistons à une augmentation des partenariats public-privé et à un cadre réglementaire émergent pour la fusion, qui réduira les risques des investissements futurs. Cela montre que les gouvernements commencent à planifier l’énergie de fusion et un signe certain d’une industrie en pleine maturité. Tout cela survient alors que les entreprises signalent qu’elles sont de plus en plus confiantes d’atteindre leurs objectifs ambitieux », assure Holland.
- Et au niveau des chiffres ? 18 entreprises sont impliquées dans des partenariats public-privé, évalués à plus de 70 millions de dollars, selon le rapport de la FIA.