La fusion nucléaire deviendra une industrie à plus d’un billion de dollars dans moins de 30 ans

Une enquête menée par la Fusion Industry Association (FIA), l’association professionnelle internationale des entreprises de fusion nucléaire, montre que les entreprises pensent que les investissements dans la technologie augmenteront progressivement pour atteindre des billions (milliers de milliards) de dollars d’ici le milieu de ce siècle.

Pourquoi est-ce important ?

La fusion nucléaire est considérée par de nombreux experts comme le "Saint Graal de l'énergie". La technologie doit utiliser les mêmes principes qui alimentent le soleil pour produire une quantité d'énergie pratiquement illimitée, sans produire de déchets radioactifs dans le processus. Mais jusqu'à présent, il s'est avéré extrêmement difficile de développer de tels réacteurs. Il y a même une blague dans le milieu qui dit que "la fusion nucléaire, c'est toujours pour dans 30 ans".

Dans l’actu : l’enquête de la FIA montre que les sociétés de fusion nucléaire sont optimistes quant à la capacité prochaine de la technologie à entrer sur le marché commercial.

  • De nombreuses entreprises pensent qu’un réacteur à fusion nucléaire fonctionnel sera développé d’ici la fin de cette décennie et que la technologie sera commercialement viable d’ici les années 2030. Un rapport publié précédemment par la FIA montre que 93% d’entre elles pensent que les réacteurs seront connectés au réseau électrique dans les années 2030 ou avant
  • Dans la nouvelle enquête, elles disent qu’il y aura également très bientôt beaucoup plus d’investissements dans cette technologie, notamment sur la chaîne d’approvisionnement. En 2022, quelque 500 millions de dollars ont déjà été dépensés pour les pièces et matériaux nécessaires aux réacteurs expérimentaux, un chiffre qui pourrait, selon elles, être multiplié par quatorze au moment où les premiers réacteurs seront opérationnels.
  • En fin de compte, une fois la technologie arrivée à maturité, les entreprises du secteur s’attendent à ce que la somme d’argent nécessaire à la chaîne d’approvisionnement des réacteurs à fusion nucléaire explose, jusqu’à des milliers de milliards (billions) de dollars entre 2035 et 2050. 

Pas d’inquiétude pour l’approvisionnement

Total optimisme : la FIA ​​ne s’attend pas à ce que l’industrie soit confrontée à des défis majeurs dans l’expansion de la chaîne d’approvisionnement.

  • Les matériaux qui seront principalement nécessaires sont de l’acier et du béton, des fils supraconducteurs pour les chambres du réacteur, des aimants super puissants et des matériaux pour construire des lasers. 
  • S’adressant à Reuters , le patron de la FIA, Andrew Holland, a déclaré que les risques géopolitiques dans la chaîne d’approvisionnement étaient peu préoccupants. Il ne devrait pas y avoir de pénurie pour la plupart des matériaux nécessaires à la fusion nucléaire, car ils ne viennent pas uniquement de pays instables.
  • L’enquête met toutefois en lumière certains matériaux qui pourraient être plus difficiles à trouver. Il s’agit notamment de gaz nobles tels que le krypton et le xénon – dont l’approvisionnement est actuellement limité par la guerre en Ukraine – ainsi que des terres rares telles que le scandium et le néodyme et d’autres métaux comme le baryum zirconium.
  • Selon Holland, le plus grand défi sera de passer à l’échelle. « Nous voulons nous assurer que les fournisseurs savent que la fusion arrive afin qu’ils puissent investir pour se développer », explique-t-il.
  • Les entreprises ne sont pas non plus très préoccupées par une éventuelle pénurie de tritium , un isotope lourd de l’hydrogène qui est nécessaire dans la conception de la plupart des réacteurs. Car ces réacteurs seront capables de générer eux-mêmes du nouveau tritium. C’est ce qu’on appelle dans l’industrie la « reproduction ».

Un soleil dans un réacteur

L’idéal : La fusion nucléaire a le potentiel d’être l’eldorado pour un avenir énergétique durable.

  • La technologie fonctionne en fusionnant des noyaux atomiques légers, dans la plupart des cas du deutérium et du tritium, des isotopes lourds de l’hydrogène. Pour que cela se produise, des températures énormes sont nécessaires, jusqu’à 200 millions de degrés Celsius. 
  • À cette température, les noyaux atomiques forment un plasma ultra chaud, qui doit être maintenu au moyen d’un champ magnétique extrêmement puissant. 
  • Cerise sur le gâteau : il n’y a pas de rejet de CO2 lors de la production d’énergie dans un réacteur à fusion, ni de déchets nucléaires à long terme. Les seuls sous-produits de la fusion sont l’hélium, après la fusion des atomes d’hydrogène, et les neutrons, qui sont utilisés pour générer de la vapeur qui peut ensuite être convertie en électricité dans un générateur. 
  • Cependant, la technologie fait encore face à des défis importants. Jusqu’à présent, les scientifiques n’ont réussi qu’une seule fois à extraire plus d’énergie d’une réaction qu’il n’en a fallu pour la démarrer. La rétention de plasma et la très grande complexité d’un réacteur à fusion entravent le développement de la technologie depuis des décennies. 
  • Néanmoins, des progrès sont réalisés petit à petit. Les entreprises du secteur sont donc optimistes quant à la résolution des derniers défis dans les décennies à venir, après quoi la fusion nucléaire pourrait inaugurer une nouvelle ère énergétique. 

OD

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