C’était anticipé depuis des mois, voilà qui est acté : Ariane 5 a réalisé le dernier vol de sa carrière, alors que la relève se fait encore attendre, mettant en péril les plans européens de conquête spatiale.
Dans l’actu : Ariane 5 a décollé du port spatial européen de Kourou, en Guyane française, dans la nuit de mercredi à jeudi, pour la toute dernière fois.
- Comme beaucoup de missions Ariane 5, le lancement VA261 a transporté deux satellites de communication vers une orbite de transfert géostationnaire.
- Un de ces satellites pèse 3.400 kg et sera utilisé pour tester des technologies de communication avancées pour l’Agence spatiale allemande, précise SpaceNews.
- L’autre satellite, destiné à l’armée française, pèse 3.570 kg et a été développé par un consortium composé d’Airbus Defence and Space et de Thales Alenia Space.
- « C’est un succès pour ‘Team Europe’ ce soir avec ce dernier (vol) d’Ariane 5 », a déclaré Stéphane Israël, directeur général d’Arianespace, lors de la retransmission du lancement sur le web.
- « Merci à ArianeGroup, Arianespace et au CNES. C’est un très beau lancement, même si c’est le dernier », a indiqué pour sa part le général Michel Sayegh, directeur des programmes spatiaux de la Direction générale de l’armement, non sans une pointe de nostalgie.
Les détails : Ariane 5 tire sa révérence après 117 lancements et 27 ans de loyaux services
- Le véhicule a été lancé pour la première fois en juin 1996, mais sans succès jusqu’à son troisième vol en 1998.
- Au début des années 2000, la fusée était particulièrement appréciée car elle pouvait transporter deux gros satellites de télécommunications géostationnaires en même temps, très demandés sur le marché de l’industrie spatiale commerciale.
- Elle a sans doute atteint l’apogée de sa célébrité le 25 décembre 2021, lorsqu’elle a lancé avec le plus grand des succès le télescope spatial James Webb, d’une valeur de 10 milliards de dollars.
- Ce départ à la retraite a pris un peu plus de temps que prévu à se concrétiser : le lancement devait initialement avoir lieu le 16 juin, mais il a été retardé car certains câbles nécessaires pour séparer les boosters de la fusée devaient être remplacés. La société a ensuite prévu de lancer la fusée le 4 juillet, mais a encore dû reporter d’un jour en raison de vents forts en altitude.
Un départ douloureux pour l’Europe
« Ariane 5, c’est maintenant fini, elle a parfaitement terminé son travail et est vraiment devenue un lanceur légendaire. Mais Ariane 6 arrive. »
Stéphane Israël, directeur général d’Arianespace
« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé » : qui eut crû qu’une citation d’Alphonse de Lamartine pourrait un jour s’appliquer au secteur spatial européen ? Notre continent est pourtant bien démuni, maintenant qu’Ariane 5 a été officiellement mise au placard.
- Alors que l’arrivée d’Ariane 5 a coïncidé avec la fin de sa prédécesseure, Ariane 4, celle qui doit la remplacer se fait encore désirer.
- Le premier lancement d’Ariane 6 était prévu pour 2020 mais a connu des retards à répétition.
- L’ESA prévoyait ensuite que le lancement aurait lieu au quatrième trimestre 2023, mais il est de plus en plus probable qu’il soit reporté à 2024.
- « Aujourd’hui, il serait spéculatif de mentionner une date de lancement. Nous devons franchir un certain nombre d’étapes techniques au cours de l’été, mais je promets qu’après l’été, en septembre, nous indiquerons une période qui sera la période cible pour Ariane 6″, a déclaré Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA (Agence spatiale européenne), lors d’une conférence de presse le 29 juin.
- De leur côté, les dirigeants d’OHB, fournisseur du programme Ariane 6, ont indiqué en mai que le lancement aurait lieu début 2024 au plus tard.
- Différentes étapes techniques doivent encore être franchies, notamment un essai à chaud de l’étage supérieur prévu en juillet et un autre essai à l’automne pour tester les performances dans des conditions difficiles.
- L’assemblage du premier modèle de vol d’Ariane 6 commencera en novembre en Guyane française, selon une dernière publication de l’ESA datant du 8 juin. En attendant de nouveaux contretemps ?