Principaux renseignements
- Le CEA a distribué 5.000 exemplaires de sa propre brochure en Polynésie française pour un coût de plus de 90.000 euros.
- Une étude publiée dans « Toxique » a révélé qu’un seul test effectué en 1974 avait potentiellement exposé 110.000 personnes à des niveaux de radiation leur donnant droit à une indemnisation en cas de cancer s’ils développaient des cancers spécifiques plus tard dans leur vie.
- Le CEA n’a déclassifié qu’un nombre limité de documents relatifs aux essais par rapport à l’armée française.
Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a investi des ressources considérables pour contrer les recherches qui remettent en cause ses affirmations de longue date sur l’impact des essais nucléaires en Polynésie française. Des documents révèlent une campagne concertée du CEA pour discréditer les résultats publiés dans le livre « Toxique », qui a révélé une contamination beaucoup plus étendue que ce que la France avait précédemment reconnu.
En réponse à « Toxique », le CEA a distribué 5.000 exemplaires de sa propre brochure en Polynésie française, présentant ce qu’il appelle des « réponses scientifiques » aux « allégations » du livre. L’opération a coûté plus de 90.000 euros et comprenait l’envoi d’une équipe de quatre personnes dans les îles pour des réunions avec des dignitaires et des interviews avec les médias.
Sous-estimation des niveaux de radiation réels
La brochure du CEA affirmait que les niveaux de contamination étaient limités et que la France avait toujours agi de manière transparente, en donnant la priorité à la santé des habitants locaux. Cependant, « Toxique » a suscité la controverse en France, entraînant des visites de hauts responsables, dont le président Emmanuel Macron, qui a reconnu la responsabilité de la France à l’égard de la Polynésie française.
Les recherches détaillées dans « Toxique » ont révélé des résultats alarmants : un seul test effectué en 1974 a potentiellement exposé 110.000 personnes à des niveaux de radiation leur permettant de bénéficier d’une indemnisation en cas de cancer s’ils développent des cancers spécifiques plus tard dans leur vie. Le livre affirme que le CEA a constamment sous-estimé les niveaux d’irradiation, limitant ainsi considérablement le nombre de personnes pouvant prétendre à une indemnisation.
Contrôle parlementaire et incertitudes
Une commission d’enquête parlementaire étudie actuellement l’impact social, économique et environnemental des essais nucléaires et examine si la France a sciemment dissimulé l’étendue de la contamination. Alors que la division militaire du CEA a nié les accusations de dissimulation d’informations, l’organisme de sûreté nucléaire français a reconnu les incertitudes entourant les calculs du CEA, ce qui rend impossible de prouver définitivement que les doses de radiation reçues par les individus étaient inférieures au seuil d’indemnisation.
Malgré ses prétentions à la transparence, le CEA n’a déclassifié qu’un nombre limité de documents relatifs aux essais par rapport à l’armée française. L’enquête a mis en évidence cette divergence, soulevant des inquiétudes quant à l’étendue des informations disponibles pour l’examen public. Le débat autour du concept de « bombe propre » se poursuit, l’armée française ayant reconnu que jusqu’à 2.000 militaires ont pu être exposés à des niveaux de radiation suffisants pour provoquer un cancer.
L’enquête parlementaire vise à fournir une compréhension globale des conséquences du programme d’essais nucléaires français en Polynésie française et à faire la lumière sur l’étendue des dommages potentiels causés aux populations locales.
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