Les services de sécurité russes répriment davantage la marque à la pomme après qu’ils auraient découvert une opération d’espionnage impliquant Apple pour le compte de Washington.
Dans l’actu : Moscou pense avoir trouvé en Apple l’équivalent de Huawei pour les Américains. Les services de sécurité russes (FSB) interdisent depuis ce lundi tous les appareils de la marque américaine aux fonctionnaires du gouvernement, soit plusieurs milliers de personnes, annonce le Financial Times.
- Le ministère du Commerce a ainsi annoncé une interdiction totale de l’utilisation des iPhones à des fins professionnelles. Le ministère du Développement numérique et Rostec, une entreprise publique sanctionnée par l’Occident pour son implication dans le conflit en Ukraine, ont également déclaré qu’ils mettraient en place des interdictions similaires, voire qu’ils les avaient déjà mises en place.
- En cause : ils affirment qu’Apple aurait fourni à la NSA (l’Agence nationale de sécurité des États-Unis) une « porte dérobée » pour ses appareils, permettant ainsi aux services de sécurité américains d’espionner les fonctionnaires russes et leurs conversations sensibles.
- Cette interdiction suit une annonce du 1er juin, lorsque le FSB a affirmé avoir découvert une « opération d’espionnage par des agences de renseignement américaines utilisant des appareils Apple ».
- Selon le FSB, un nombre important d’iPhone, équipés de cartes SIM russes ou enregistrés auprès des missions diplomatiques de Moscou dans les pays de l’OTAN, ainsi qu’en Israël, en Syrie et en Chine, ont été affectés par un logiciel de surveillance. Pour Moscou, cette découverte soulève des inquiétudes quant à une prétendue collaboration étroite entre Apple et l’Agence nationale de sécurité des États-Unis.
- De son côté, Apple a démenti ces allégations, déclarant « n’avoir jamais travaillé avec un gouvernement pour créer une porte dérobée dans un produit Apple », et que l’entreprise ne le « ferait jamais ».
- Ce à quoi Dmitri Medvedev, chef adjoint du Conseil de sécurité de la Russie et ex-président russe, riposte : « Lorsqu’une grande entreprise technologique affirme qu’elle ne coopère pas avec la communauté du renseignement, soit elle ment effrontément, soit elle est sur le point de faire faillite« . Un argument inattaquable et une logique implacable, on peut le dire…
Le détail : « Les autorités croient vraiment que les Américains peuvent utiliser leur équipement pour les écoutes téléphoniques », explique au FT Andrey Soldatov, expert des services de sécurité et de renseignement russes.
- « Les services de sécurité s’inquiètent depuis longtemps de l’utilisation des iPhone pour les contacts professionnels, mais l’administration présidentielle et d’autres responsables se sont opposés aux restrictions simplement parce qu’ils aimaient les iPhone », ajoute-t-il.
- Et avec un contrôle très strict à la clé : selon un haut fonctionnaire du ministère du Commerce, « les spécialistes du département informatique signalent lorsque quelqu’un ouvre son courrier électronique professionnel à partir d’un iPhone. C’est facile à contrôler« .
- Soulignons que l’utilisation des appareils Apple à des fins personnelles reste autorisée. Pour le moment.
Élection présidentielle russe de 2024
Le contexte : Ce n’est pas la première fois que Moscou émet des réserves à l’égard de la firme de Cupertino.
- Les services de sécurité russes avaient déjà interdit l’utilisation des iPhone par les fonctionnaires depuis mars dernier. Sont désormais également visés les iPads et les Mac, donc.
- Cette première mesure s’appliquait « à tous les fonctionnaires du pays qui sont impliqués dans les préparatifs de l’élection présidentielle russe de 2024« .
- Au final, il s’agit aussi d’une excuse toute trouvée pour mettre à exécution les volontés de Vladimir Poutine et obliger les organisations impliquées dans les « infrastructures d’information critiques » de passer à des logiciels développés en Russie d’ici à 2025, comme il l’avait déclaré un mois après le début de l’invasion de l’Ukraine.
- Moscou continue donc ses efforts pour forcer les institutions publiques à se détourner des technologies étrangères, tandis que le Kremlin met la main sur les actifs d’entreprises occidentales en Russie, telles que Danone et Carlsberg.
- Mais si les fonctionnaires ne peuvent plus utiliser d’iPhone, ne devrait-il pas en être de même pour les ministres ? On se souvient de ces images de l’année dernière du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Ce dernier niait les insinuations sur son mauvais état de santé, depuis un hôtel à Bali, portant un t-shirt à l’effigie de Basquiat mais aussi une Apple Watch, le tout avec un iPhone posé sur la table.