L’Agence internationale de l’énergie annonce que « la fin de l’ère des combustibles fossiles » approche. À première vue, cela semble être une bonne nouvelle. Mais son directeur exécutif, Fatih Birol, oublie les différents défis qu’il reste à surmonter.
Fata Morgana : l’avenir sans pétrole

Pourquoi est-ce important ?
Le pic pétrolier, que beaucoup prédisent pour la fin de 2040, devrait finalement arriver plus tôt que prévu, selon l'AIE. Ce terme fait référence au moment où la production mondiale de pétrole brut atteindra son niveau maximal, avant de diminuer régulièrement, quelle que soit la demande. En 2017, le FMI écrivait que ces prévisions ne pourraient changer que grâce à des percées technologiques majeures et soudaines ou via un ralentissement spectaculaire de l’économie mondiale. Grâce à la transition énergétique, ce pic devrait désormais être atteint 10 ans plus tôt.Dans l’actu : le monde est « au début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles, écrit Fatih Birol dans l’introduction du dernier rapport mensuel de l’AIE.
- Selon lui, la demande de pétrole, de gaz naturel et de charbon – les trois principales sources d’énergie fossile – atteindra son maximum avant la fin de cette décennie. Leur consommation mondiale commencera ensuite à décliner au profit des énergies renouvelables.
- Pour Fatih Birol, il s’agit d’un « tournant historique« .
Réalisme ou optimisme ?
Zoom avant : ce que Birol n’écrit pas, c’est que de nombreux obstacles restent à surmonter.
- L’expression « fin de l’ère des combustibles fossiles » occulte le fait que leur utilisation devrait continuer à augmenter jusqu’en 2030.
- Les grandes compagnies maintiendront – voire augmenteront – leur production de pétrole et de gaz jusqu’en 2030.
- L’OPEP a déjà contredit les propos de Birol, indiquant que ses données ne correspondaient pas à celle de l’AIE.
- La Chine continue de planifier et d’ouvrir de nouvelles centrales électriques au charbon. Le pays est déjà responsable d’une part importante de la croissance mondiale de la demande de gaz et de pétrole au cours de la dernière décennie.
- La croissance démographique mondiale entraînera une nouvelle augmentation de la demande en combustibles fossiles.
- Les prévisions montrent que l’Afrique connaîtra une augmentation de 60% de ses émissions de CO2. L’Amérique latine en connaîtra une de 40%, l’Asie de 70%.
- La croissance de la mobilité électrique ne signifie pas automatiquement que l’utilisation des combustibles fossiles va diminuer. Dans de nombreux pays, les véhicules électriques fonctionnent en grande partie avec de l’électricité produite à partir de sources fossiles.
Zoom arrière : pour relever ces défis, nous avons besoin de dirigeants (également belges) qui gèrent intelligemment la transition énergétique. Ces derniers mois, ils semblent avoir été (très) difficiles à trouver.
(OD)