Face au ralentissement de la demande de véhicules électriques, Ford n’en finit plus de réduire ses investissements

Ce mardi, Ford a annoncé réduire la taille d’une de ses nouvelles usines à batteries aux Etats-Unis. Une décision qu’elle justifie par un recul des perspectives relatives à la demande future de véhicules électriques.

Pourquoi est-ce important ?

Ford est loin d'être le seul constructeur à ralentir ses plans face à une demande qu'il juge plus lente que prévu. Ce cas illustre à nouveau l'exercice d'équilibriste dans lequel sont engagés les géants de l'automobile : s'adapter au même rythme qu'une demande qui évolue de manière incertaine.

Dans l’actu : Ford réduit la voilure d’une usine à batteries.

  • Après avoir mis en pause les travaux de sa future usine à batteries du Michigan en septembre, Ford a annoncé leur reprise cette semaine. Mais la production y sera réduite. Et le nombre d’employés aussi.

Zoom avant : une réduction de plus de 40%.

  • Initialement, Ford comptait investir 3,5 milliards de dollars dans le projet. Elle désirait y employer 2.500 personnes, pour produire 35 gigawattheures de batteries par an.
  • Ce mardi, l’entreprise a annoncé réduire ses objectifs. Seuls 1.700 employés y travailleront, pour pour produire une capacité prévue d’environ 20 GWh.
    • Ford n’a pas donné de précisions relatives à ses investissements, mais on peut imaginer qu’ils seront réduits dans les mêmes proportions. On peut tabler sur environ 2 milliards de dollars.
  • “Nous sommes toujours très optimistes à l’égard des véhicules électriques et de notre stratégie en matière de véhicules électriques, mais il est clair que même s’il y a une croissance, tant aux États-Unis que dans le monde, la croissance n’est pas au rythme que nous et d’autres avions prévu”, a déclaré un porte-parole cité par CNBC. “Nous essayons d’être intelligents à ce sujet et sur la façon dont nous allons de l’avant.”

Ford mise sur les batteries LFP pour ses véhicules électriques

Mais aussi : une technologie chinoise qui ne plaît pas à tout le monde.

  • L’usine de Ford dans le Michigan est un projet controversé. Du moins aux yeux des élus républicains. Ceux-ci n’apprécient pas que l’entreprise américaine compte y produire des batteries basées sur la technologie chinoise CATL.
    • Ces batteries fonctionnent avec un accumulateur lithium-fer-phosphate (LFP), là où celles généralement fabriquées aux USA reposent sur une combinaison de nickel, de cobalt et de manganèse (NMC).
    • Les batteries LFP coûtent moins cher. L’usine du Michigan devrait être la première de ce type aux États-Unis. Elle devrait permettre à Ford d’augmenter sa production de véhicules électriques, de proposer des prix plus compétitifs et d’augmenter sa marge bénéficiaire
  • Pour ce faire, Ford a dû négocier l’obtention d’une licence auprès d’une entreprise chinoise. Les républicains craignent que les éventuelles subventions allouées au projet ne finissent par bénéficier aux Chinois également. Certains souhaitent en réduire la voilure, d’autres veulent purement et simplement les annuler.
  • Rien ne dit que le projet sera bien privé de subventions, car les démocrates y sont globalement favorables. L’usine générera des emplois et une activité économique : c’est déjà ça de pris.
  • C’est aussi l’argument de Ford. Mieux vaut fabriquer des batteries sur le sol américain avec une technologie chinoise que de les importer de Chine.

Ford n’est pas la seule à réduire la voilure

Zoom arrière : tout le monde ralentit la cadence.

  • Ce n’est pas la première décision que Ford prend face au ralentissement des ventes de véhicules électriques. Elle a déjà reporté la construction de deux usines à batteries et annoncé diminué de 12 milliards de dollars ses investissements dans les VE. Son objectif de produire 600.000 VE en un an a été déplacé de 2023 à 2024.
  • D’autres marques font pareil. Volkswagen a récemment reporté l’ouverture d’une usine à batteries en Europe. GM abandonné l’objectif de faire sortir de ses usines nord-américaines 400.000 véhicules électriques entre 2022 et mi-2024. Toyota a réduit de 40% ses prévisions de ventes de VE pour cette année, les faisant passer à 123.000 unités. 
  • Le fait que les remises se multiplient en Europe et aux USA est aussi un signe inquiétant pour le secteur.
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