Face au déclin démographique, la Chine veut limiter le droit à l’avortement

Après l’abandon quasi total de la politique de limitation des naissances, la Chine veut décourager l’avortement. Une nouvelle preuve que le déclin démographique du pays inquiète Pékin.

Saint-Marin vient de légaliser l’avortement, qui était jusqu’ici totalement interdit dans cette République sérénissime de 35.000 habitants, après un vote où la légalisation l’a emportée avec 77% des voix. Mais en Chine c’est un tout autre son de cloche : la République populaire compte réduire le nombre d’avortements « sans but médical » selon le gouvernement.

Pas de tabou religieux sur l’IVG en Chine comme dans la petite nation d’Europe : les autorités communistes ont longtemps tout mis en œuvre pour réduire le nombre de naissances dans le pays. Mais ils y sont si bien arrivés que la Chine du XXIe siècle craint pour son avenir démographique. Le nombre moyen de naissance par femme est tombé à 1,3 en 2020 contre encore 1,6 en 2016, alors qu’un taux de 2,1 est considéré comme le minimum pour garantir le renouvellement d’une population.

Trop peu, trop vieux

La Chine court non seulement le risque de manquer de main-d’œuvre, mais aussi de devoir prendre en charge une part vieillissante de la population de plus en plus nombreuse. Deux obstacles de taille pour un pays qui se rêve en première puissance économique mondiale dans les décennies à venir. Et le gouvernement met tout en œuvre pour enrayer autant que possible ce déclin démographique. Les restrictions au nombre d’enfants par famille ne sont plus qu’un souvenir, avec un « nombre autorisé » fixé à trois enfants par foyer depuis juin dernier.

Mais c’est surtout le droit à l’avortement qui risque d’être attaqué, sous couvert d’incitation à la procréation. Le Conseil d’État a déclaré que les nouvelles directives, publiées lundi, viseraient à améliorer l’accès général des femmes aux services de santé avant la grossesse. De nouvelles infrastructures de soins spécialisés seront créées.

L’avis de trois médecins

Dans certaines provinces, comme Jiangxi, l’accès à l’avortement commence à se durcir : à partir de la 14e semaine de grossesse, une femme doit recueillir l’accord de trois médecins pour obtenir une IVG.

Il faut dire que l’avortement était courant en Chine. D’abord, car les régimes communistes l’ont souvent autorisé très tôt. La République socialiste fédérative soviétique de Russie a été le premier État au monde à légaliser l’interruption de grossesse, en 1920, malgré une réinterdiction de 1936 à 1955. Dans le cas de la Chine, l’avortement était encouragé par le système de planning familial afin d’enrayer un taux de naissance considéré comme trop élevé. Ce qui a eu pour conséquence une tendance à l’avortement sélectif, le modèle familial chinois traditionnel privilégiant les garçons. Et le pays se retrouve actuellement avec environ 30 millions de plus d’hommes que de femmes.

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