Le gouvernement ukrainien renforce les effectifs de son armée. Il veut aussi impliquer la population civile dans la défense du pays, y compris dans des territoires occupés par un éventuel envahisseur. Un concept de « Défense Totale » mis au point par la Suède avec les encouragements de l’Otan.
Face aux menaces extérieures -autrement dit, face à la Russie- le gouvernement ukrainien est prêt à bander les muscles. Le président Volodymyr Zelensky vient de signer les loi n°5557 et n°5558, lesquelles visent respectivement à instituer les « principes fondamentaux de la résistance nationale » et à relever le plafond des effectifs des forces armées ukrainiennes avec le recrutement de 11.000 soldats supplémentaires. Des recrues qui s’ajouteront aux 280.000 militaires en service actifs, ainsi qu’aux 700.000 réservistes entrainés, le service militaire étant toujours obligatoire en Ukraine.
Entrainement et éducation patriotique
Ces fameux « principes fondamentaux de la résistance nationale » ont pour but d’impliquer massivement la population civile dans la défense du pays. Cette loi institue un système de résistance nationale dans lequel les Ukrainiens seront tous impliqués dans la confrontation avec un envahisseur. Des programmes d’entrainement vont être mis en place afin d’offrir à la population des connaissances militaires de base.
Le communiqué du ministère ukrainien de la Défense est sans ambiguïté : « La résistance nationale doit devenir un sujet capital sur l’ensemble du territoire et des actions doivent être menées aussi bien dans les territoires sous le contrôle de l’Ukraine qu’au delà. En parallèle, la défense du territoire doit être mise en place sur l’ensemble du territoire ukrainien épargné par les hostilités, tandis que des mouvements de résistance doivent être mis en place dans les zones occupées. L’entrainement des citoyens d’Ukraine va devenir une importante contribution de leur éducation nationale et patriotique. »
Résilience et Défense Totale
Un programme de préparation des civils qui rappelle celui mis en place par la Suède depuis 2018. Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, le pays nordique, qui n’est pas membre de l’Otan mais qui fait partie de ses plus actifs partenaires, prépare sa réponse à toute menace. Le ministère suédois de la Défense a opté pour une approche « Défense Totale » qui inclut tant l’armée que la société civile dans une stratégie qui implique l’ensemble de la société.
Concrètement, les citoyens suédois doivent se préparer à être confronté à une attaque sur le sol national. Ils doivent être capables d’assurer leur propre subsistance, en termes de nourriture, de combustible, et si possible d’énergie, pendant au moins une semaine pendant que la société suédoise mobilise ses ressources pour résister à l’agression. Un concept de résilience qui épargnera à l’armée de devoir prendre en charge des civils qui pourraient rester autonomes.
Dans un second temps, la participation des civils à l’effort de guerre sera pleinement demandée, comme le présente explicitement ce concept de « Défense Totale » sur le site de l’Otan : « Une Défense Totale forte commence avec la volonté de la population de participer à la défense du pays. L’attention à l’égard de la crise ou de la guerre est nécessaire pour surmonter le choc initial et résister à une attaque. Les citoyens comme les preneurs de décision doivent être conscients de ce qu’une période de guerre peut exiger d’eux. » Visiblement, le concept séduit beaucoup l’Alliance de l’Atlantique-nord, qui aimerait s’inspirer du modèle suédois.
La Suède est un des derniers pays à pratiquer la conscription : jusqu’à la fin de la Guerre Froide, la majorité de la population masculine adulte avait eu un entrainement militaire. En 2010, la conscription en temps de paix cesse, pour laisser place à la professionnalisation des forces armées. Elle est réintroduite en 2017 du fait de la menace grandissante à l’Est.
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