La semaine dernière, la sonde Juno de la NASA, qui explore Jupiter, a frôlé la lune Europe et pris des images spectaculaires à seulement 358 kilomètres de sa surface gelée. Presque simultanément, de nouvelles images d’Europe prises par un télescope sur Terre ont été dévoilées. Et celles-ci révèlent le cocktail de produits chimiques qui composent cette lune glacée, confirmant au passage qu’Europe pourrait être le meilleur endroit dans notre système solaire pour chercher la vie.
Europe porte le nom d’une femme enlevée par le dieu de dieux Zeus dans la mythologie grecque – Jupiter dans la version romaine. Avec un diamètre de 3.138 kilomètres, Europe est légèrement plus petite que notre lune, et tourne autour de Jupiter en 3,5 jours. Certaines autres lunes de notre système solaire possèdent de la glace composée de méthane et d’azote, mais la particularité d’Europe est qu’elle est enveloppée d’une épaisse couche de glace d’eau. Les lignes visibles sur les nouvelles photos sont en fait des fissures et des crevasses dans cette surface gelée. Les scientifiques pensent qu’elles sont causées par les forces que subit Europe en orbite autour de la planète géante.
Une mer immense et salée sous une croûte glacée
Les scientifiques ont obtenu leur première preuve de l’existence d’un océan sous la surface d’Europe il y a deux décennies, lorsqu’une sonde de la NASA a détecté une connexion magnétique entre Europe et Jupiter qui pourrait facilement s’expliquer par la présence d’une énorme mer salée. Si loin dans le système solaire, l’océan souterrain d’Europe ne sentirait pas la chaleur du soleil, mais l’eau resterait liquide grâce à l’influence gravitationnelle de la planète géante.
Les images les plus détaillées jamais prises d’Europe par un télescope terrestre dirigé par des scientifiques planétaires de l’école de physique et d’astronomie de l’université de Leicester révèlent le cocktail de produits chimiques qui composent sa surface gelée, et elles confirment que la croûte d’Europe est principalement constituée de glace d’eau. Le terrain lunaire est saupoudré de composés chimiques tels que le chlorure de sodium et le sulfate de magnésium – le sel de table et le sel d’Epsom.
Quand la roche et l’eau se rencontrent, il y a une chance de vie
Ces dernières années, les télescopes ont déjà détecté des signes de panaches de vapeur d’eau émergeant de fissures à la surface d’Europe. Les scientifiques pensent que l’océan d’Europe pourrait être aussi vieux que la lune elle-même, soit environ 4 milliards d’années, ce qui donnerait à la vie beaucoup de temps et un environnement stable pour apparaître et évoluer.
Les nouvelles données suggèrent également qu’Europe possède un manteau rocheux – la couche entre la croûte et le noyau de la lune. Et lorsque la roche et l’eau se rencontrent, des interactions chimiques peuvent se produire et générer des matériaux riches en hydrogène que de petites créatures pourraient métaboliser.
Attendre Clipper (mais sans en attendre trop)
Dans deux ans, un autre vaisseau spatial de la NASA partira pour le système de Jupiter, spécifiquement pour étudier Europe. Cette sonde passera des dizaines de fois devant la lune, parfois à peine à 25 kilomètres au-dessus de la surface. Clipper, c’est son nom, sera capable d’étudier presque toutes les parties de la surface d’Europe. Si nous avons de la chance, Clipper pourrait même voler à travers des panaches de vapeur d’eau, et nous pourrions analyser leur composition.
Clipper transportera également un instrument conçu pour détecter les endroits plus chauds qu’à l’accoutumée sur la surface lunaire. Les images de la surface d’Europe montrent de nombreux effondrements, et les scientifiques supposent qu’ils sont causés par un réchauffement venant d’en dessous – de la mer sous la couche de glace. Et ce processus ramènerait peut-être d’éventuels petits habitants à la surface. Cependant, nous ne devons pas nous attendre à ce que Clipper trouve des preuves définitives de l’existence de la vie sur Europe. La mission a seulement pour but de déterminer si la lune présente les conditions et la chimie nécessaires à la vie.
Europe, une cible plus intéressante que Mars
La preuve d’une éventuelle vie ne sera possible que lorsque nous pourrons atterrir à la surface et forer dans la glace. La NASA recherche également des traces de vie ailleurs dans le système solaire, notamment sur Mars, où un rover collecte des échantillons dans le delta d’une rivière asséchée. La mission sur Mars est conçue pour rechercher des signes de vie fossilisée qui existaient il y a plusieurs milliards d’années, lorsque de l’eau coulait sur la planète. Il est tout à fait possible que Mars ait connu la vie dans le passé, mais Europe est une cible plus attrayante, car elle présente encore actuellement un milieu propice à l’apparition potentielle de la vie. Il en va de même pour les autres lunes océaniques disséminées dans le système solaire, d’ailleurs, comme Encelade et Titan (en orbite autour de Saturne) et Triton (en orbite autour de Neptune).
MB