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L’Europe se penche sur le statut de ses chauffeurs : le début de la fin pour Uber ?

L’Europe se penche sur le statut de ses chauffeurs : le début de la fin pour Uber ?
Lokman Vural Elibol/Anadolu Agency via Getty Images

Uber est devenu un automatisme pour beaucoup, en particulier les jeunes urbains. Mais cet empire de la voiture avec chauffeur à commander repose sur un immense flou juridique concernant le statut de ses travailleurs. Pour l’UE, ils devraient devenir des employés de fait. Et donc obtenir davantage de droits.

Pourquoi est-ce important ?

Le statut des travailleurs de nombreuses startups de voiturage ou de livraison (Uber, Deliveroo,...) pose question, tant du point de vue de leur rémunération et de leur temps de travail que de celui de la sécurité. Quid des assurances en cas d'accident, ou même du screening des profils pour s'assurer de la sécurité de celles et ceux qui veulent rentrer aisément à la maison aux petites heures du matin ? Ces entreprises technologiques ultra-capitalistes se heurtent maintenant à la volonté normalisatrice de l'Union européenne.

Salaire minimum et droit aux congés parentaux

Dans l’actu : L’UE envisage de considérer les « collaborateurs » du système Uber comme des employés de fait. Une vraie catastrophe, s’alarment les dirigeants de l’entreprise, qui prédisent déjà la fin de leur système dans de nombreuses villes.

  • Uber voit une hausse moyenne de 40% de ses tarifs en Europe si l’idée de l’Union se concrétise, car cela signifierait accorder à ses conducteurs des droits de travail complets, avec un salaire minimum à la clef, mais aussi l’accès aux avantages normaux d’un statut de salarié, comme des congés de parentalité. Actuellement, ils sont de facto considérés comme des indépendants.
  • En clair : les conducteurs Uber ne seront plus sous un statut « gris » qui permettait de contourner la majorité des réglementations sur le travail. Et pour la firme, cela pourrait bien condamner son modèle économique.

« Si Bruxelles oblige Uber à reclasser les chauffeurs et livreurs à travers l’UE, nous pourrions nous attendre à voir une réduction de 50 à 70 % du nombre d’opportunités de travail […] Cela pourrait augmenter les prix jusqu’à 40 % pour les consommateurs dans les grandes villes, selon les propres estimations de la Commission européenne, et avec moins de chauffeurs, les passagers pourraient s’attendre à des temps d’attente nettement plus longs. »

Anabel Díaz, à la tête de la division mobilité d’Uber en Europe, auprès du Financial Times

Flexibilité du travailleur, confort du consommateur

Comme souvent quand une entreprise ultra-capitaliste risque de se voir contrainte de consolider le statut de ses travailleurs et de revoir leurs rémunérations à la hausse, Uber présente cela comme une réduction de fait de leur flexibilité. Et cela aurait des conséquences sur le confort des consommateurs.

  • La firme estime que ce statut fera partir les conducteurs les plus occasionnels, qui voient Uber comme un revenu d’appoint. Ce qui réduirait donc le nombre de voitures disponibles dans une ville donnée. Cela a déjà été constaté dans celles où Uber a dû s’adapter aux règles locales, comme à Madrid ou à Genève.
  • « Pour gérer les coûts de l’emploi, Uber serait obligé de consolider les heures sur moins de travailleurs », continue Anabel Díaz auprès du quotidien économique. « Les chauffeurs et livreurs devraient postuler pour un poste vacant, s’il y en a un ; se présenter pour des quarts de travail à des heures et lieux spécifiques ; accepter chaque course qu’ils reçoivent ; et accepter de ne pas travailler sur d’autres applications. »
  • Uber souligne bien sûr que ce n’est pas sa rentabilité qui entre en ligne de compte dans son opposition à ce projet européen. Il faut dire que l’année dernière encore, on soulignait que la firme n’avait jamais été rentable, malgré ses tentatives de diversifier ses revenus, par exemple par la publicité.
  • Entretemps, son image a été fortement salie par les Uber Files : un gigantesque système pour obtenir des faveurs politiques – en France notamment – et pour dissimuler ses données aux systèmes informatiques des polices européennes. Pas de quoi attendrir l’UE, à première vue.
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