Un accord, non encore signé et tenu secret, avait fait grand bruit lorsqu’il avait été révélé, fin mars. Il concerne une coopération entre la Chine et les îles Salomon, et porte sur la sécurité. Un haut diplomate de l’archipel explique qu’il s’agit surtout de coopération policière – ce qui fait craindre à l’Occident une répétition des répressions violentes de la police chinoise, observées à Hong Kong.
Un accord de coopération entre la Chine et les Îles Salomon fait couler beaucoup d’encre. Les détails ne sont pas encore tous connus, mais un rapprochement entre le pays insulaire et Pékin inquiète l’Occident. Ces îles se trouvent à un endroit stratégique pour tout le Pacifique, et un contrôle chinois de cette position augmenterait fortement l’influence chinoise sur l’océan.
Le pacte concerne la sécurité, et l’Occident craint qu’une collaboration des polices ne mène à des situations comme à Hong Kong, où les manifestations pour la démocratie et contre la mainmise de la Chine ont été violemment réprimées par Pékin.
Ce lundi, le Haut Commissaire des Îles Salomon à l’Australie, Robert Sisilo, s’est expliqué sur les ondes d’ABC Radio concernant la coopération policière, rapporte Reuters. « La présence de la police chinoise dans le cadre d’un nouveau pacte de sécurité renforcera les capacités des îles Salomon, mais elle n’utilisera pas les techniques utilisées à Hong Kong », clame-t-il.
Sur fond d’émeutes en novembre
En novembre, la police locale n’avait pas été en mesure de contenir des émeutes, et avait fait appel aux forces armées australiennes, entre autres. Les îles ont une entente avec Canberra pour ce type de collaboration policière, interprétée comme « inadéquate » par le Premier ministre Manesseh Sogavare, entretemps.
Selon Sisilo, la coopération avec l’Australie ne sera pas arrêtée, mais celle avec la Chine sera augmentée. Les policiers chinois appelés en renfort dans le cadre de l’accord resteraient sous l’autorité de la police locale.
Le diplomate en profite pour critiquer la politique étrangère de l’Australie. Une raison des émeutes était notamment le chômage sur l’île. Il appelle alors l’Australie à donner plus de visas de travail et de permis de séjour, et de ne pas limiter ces derniers à des zones rurales, comme c’est le cas aujourd’hui pour les 3.000 Salomoniens ayant obtenu les papiers. Un tel bras tendu de Canberra pourrait « faire progresser les relations », insinue Sisilo.
Vers un nouveau Hong Kong?
« Nous essaierons de faire de notre mieux pour traiter avec eux afin de nous assurer que ce qui se passe dans d’autres pays, comme à Hong Kong, ne se produise pas dans notre pays », répète l’expert. Cependant, entre les engagements et les faits, il peut y avoir des différences.
Mais quel poids l’autorité locale peut-elle avoir contre la Chine, surtout si les récentes tensions étaient déjà, en partie, un résultat de le politique étrangère de l’archipel, devenu plus favorable à Pékin? Le gouvernement chinois a tendance à vouloir étouffer ces types de protestations, contre sa mainmise dans des territoires, du Tibet à Hong Kong, en passant par le Xinjiang (et les Ouïghours).
Base militaire?
L’Occident craint également que l’accord prévoie l’établissement d’une base militaire chinoise sur l’archipel. L’Australie notamment aurait alors l’armée chinoise à sa porte. Mais le Premier ministre semble exclure la présence d’une base militaire. L’accord porterait sur des questions de police. Mais là encore, le risque qu’un tel accord soit un cheval de Troie pour l’implémentation d’une base militaire peut exister : la Chine cherche à étendre son influence militaire dans le monde, notamment dans le Pacifique du sud.