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L’Espagne se prépare pour un week-end agité : l’accord entre Sánchez et Puigdemont est « une attaque flagrante contre la séparation des pouvoirs »

L’Espagne se prépare pour un week-end agité : l’accord entre Sánchez et Puigdemont est « une attaque flagrante contre la séparation des pouvoirs »
Getty Images

L’Espagne s’apprête à vivre un weekend mouvementé alors que le parti socialiste PSOE et le parti catalan Junts per Catalunya sont parvenus à un accord pour remettre au pouvoir l’ancien Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

Dans l’actualité. Le socialiste espagnol Pedro Sanchéz souhaite se présenter à nouveau au poste de Premier ministre la semaine prochaine. Après avoir conclu un accord avec de nombreux petits partis nationalistes, il dispose de suffisamment de voix pour prolonger son mandat.

  • Ce renouvellement est soumis à la « investidura » espagnole, la cérémonie et le processus par lesquels un Premier ministre nouvellement nommé reçoit le vote de confiance. Ce vote est une étape cruciale pour la formation d’un nouveau gouvernement.

« Une atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire en Espagne ».

Zoom avant. La base de cette prolongation est l’accord conclu par Sanchéz avec le parti catalan Junts per Catalunya de Carles Puigdemont. Cet accord prévoit une loi d’amnistie qui s’applique principalement à tous ceux qui ont été impliqués dans le « processus d’indépendance » catalan entre 2012 et 2023 et qui sont entrés en conflit avec la loi.

  • Junts rejoint ainsi une série d’autres partis nationalistes (Sumar, BNG, ERC, Bildu et le PNV basque), ce qui signifie que 178 députés se rallient désormais à Sánchez, soit deux de plus que nécessaire pour obtenir la majorité.
  • Junts demande l’amnistie pour de nombreux responsables politiques et militants catalans impliqués dans la tentative de sécession. Parmi eux, Carles Puigdemont, qui vit à Waterloo, en Belgique, en fuite de la justice espagnole depuis six ans.
  • Les collèges de juristes considèrent que la proposition porte atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire en Espagne. Il y aurait « une ingérence inadmissible dans l’indépendance judiciaire et une attaque flagrante contre la séparation des pouvoirs ».
  • Le commissaire européen chargé de la justice, Didier Reynders, est également préoccupé par cet accord.
Carles Puigdemont – Thierry Monasse/Getty Images

Les séparatistes n’ont jamais atteint 50 % des voix

Flashback. Le référendum illégal d’octobre 2017 et la déclaration d’indépendance qui a suivi de Puigdemont (qu’il a immédiatement suspendue, laissant tout le monde dans la confusion) sont maintenant six ans derrière nous, mais le sujet ne sort jamais vraiment de l’actualité.

  • La Catalogne est dans l’impasse depuis des années, les séparatistes n’atteignant jamais 50 % des voix. Cependant, ils obtiennent à chaque fois une majorité grâce à la répartition politique des sièges.
    • C’est la conséquence d’un décret voté en 1980. Dans ce décret, la province de Barcelone – où vivent 77% des Catalans – n’obtient que 63% des sièges.
    • Une manière de limiter l’importance de la métropole par rapport à la campagne, traditionnellement plus nationaliste.
    • La province de Lerida, par exemple, où vivent 5,7 % des Catalans, obtient 11 % des sièges.
  • Le Centre d’Estudis d’Opinió – un organisme qui fait partie de la Generalitat de Catalunya, le gouvernement local – présente cette impasse ci-dessous (en vert, le pourcentage d’indépendantistes parmi les Catalans au fil des ans).

« Demander pardon à Puigdemont »

Zoom arrière. Des manifestations ont éclaté dans toutes les grandes villes espagnoles ces derniers jours et se multiplieront ce weekend, Sanchéz étant en tête de peloton. Le fait qu’il se soit rendu à l’étranger pour conclure un accord avec une personne fuyant la justice espagnole n’est pas apprécié. Il est traité de « traître ».

  • Même le collègue de parti de Sánchez, l’ex-Premier ministre Felipe Gonzales, a déjà qualifié l’accord d' »inacceptable« . L’ancien premier ministre était favorable à la grâce, mais s’oppose à l’amnistie.

« La première vise à réduire la peine, tandis que la seconde nous oblige à ‘demander pardon’ au fugitif Puigdemont »

Felipe Gonzales, Premier ministre espagnol entre 1982 et 1996

Sánchez lui-même avait qualifié une amnistie d' »inacceptable » avant l’élection. Dans la vidéo de 2019 ci-dessous, Sánchez promet de ramener Puigdemont en Espagne pour qu’il y soit jugé. Cela ne fait que renforcer la perception d’un politicien glissant qui est prêt à tout pour rester au pouvoir.

(JM)

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