Arrestations et saisie de plus de 2 millions d’euros, la justice belge tente de démanteler une large escroquerie de type Ponzi que cachaient le réseau social Vitae et sa cryptomonnaie du même nom. Une entreprise basée en Suisse, mais dont des cadres exécutifs en région anversoise ont été happés par l’opération judiciaire.
« Partagez le monde, partagez la richesse. Vitae n’est pas seulement une plateforme de médias sociaux. C’est vous. C’est nous. C’est un groupe en constante expansion de personnes motivées qui veulent changer ce monde en accroissant la prospérité. C’est une communauté dévouée, construite sur des relations durables qui traversent les frontières géographiques et même virtuelles. Le respect mutuel, le respect de soi et l’apprentissage constituent la base de notre communauté dynamique. Des valeurs fondamentales qui permettent à chacun d’entre nous de devenir la meilleure version de lui-même, en partageant l’opportunité de Vitae avec tout le monde. »
Voilà l’envolée lyrique que proposait en guise de présentation vitaetoken.io, juste avant que la justice belge n’intervienne. Au lendemain du blocage du site, le parquet fédéral a annoncé une opération de démantèlement d’une escroquerie de type Ponzi, un système pyramidal dans lequel l’argent apporté par de nouveaux investisseurs sert à promettre des rendements mirobolants aux investisseurs existants.
Le réseau social Vitae et la cryptomonnaie homonyme, servant à rémunérer la communauté de plus de 200.000 utilisateurs pour leurs likes et leurs partages, constitueraient un piège international mis en place par une organisation criminelle.
Opérant via une société basée en Suisse, plus précisément à Zoug, ville phare de la Crypto Valley helvétique, cinq suspects pour la plupart de nationalité belge ont été arrêtés en Flandre. La police judiciaire a saisi plus de 2 millions d’euros, en cryptomonnaies et espèces, ainsi que des biens de luxe.
Escroquerie #Vitae démantelée par la justice belge: le token $VITAE s’effondre de 20%. La capitalisation de marché a fondu de 3 millions de dollars en quelques heures. #shitcoin #scam #Ponzi #cryptorama #blockchain pic.twitter.com/xy2O432HK2
— François Remy (@francois_remy) June 24, 2021
Notons évidemment que le token Vitae, que certains observateurs initiés avaient déjà étiqueté comme étant un shitcoin, classé actuellement dans les 900e rangs du classement des cryptomonnaies en termes de valeur de marché, voit son cours plonger de 20%. Sa market cap fondant de 3 millions de dollars en quelques heures.
Un projet philanthropique… à l’origine
L’ « aventure Vitae » aurait commencé en 2014, selon le white paper du projet. Son créateur (avec le t-shirt Captain America sur la photo ci-dessus) dit avoir « étudié la philosophie, les mathématiques et les tendances ». Fort de ses connaissances, Michael W. constitue alors une entreprise avec un partenaire d’affaires. Il entame un immense chantier de networking dans le monde entier, « de l’Allemagne à l’Australie ».
Michael assure avoir aidé « des milliers de personnes à travers le monde, à surmonter des difficultés financières, en leur donnant l’opportunité de réussir. » Mais dans sa quête de justice sociale et d’égalité à partager autour de lui, il s’est longtemps heurté au manque de moyens techniques.
Jusqu’à l’arrivée de la technologie blockchain, grâce à laquelle il a estimé pouvoir « offrir ce cadeau au monde entier. Peu importe où vous vivez, qui vous êtes, ce en quoi vous croyez, si vous croyez en vous, vous pouvez faire la différence. Et pour atteindre la prospérité. »
Michael, qui occupa les fonctions de CEO pendant les années qui ont suivi, allait rapidement être rejoint par des développeurs, programmeurs et autres spécialistes. Un groupe de personnes « déterminées à laisser un impact durable pour les générations à venir », insistait encore il y a peu le site de Vitae. Précisant au passage avoir choisi la Suisse pour porter le projet dans un environnement réglementé.
L’entreprise disposait d’une structure de « gestion allégée », les fonctions juridiques, financières et opérationnelles nécessaires étant exécutées pour la plupart sur « une base volontaire » de manière à consacrer la majeure partie des fonds au développement de la plateforme.
Notons qu’aucune précision n’a été communiquée pour l’instant quant à l’identité des personnes privées de liberté en Belgique.
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