Une cinquantaine d’acteurs internationaux de la crypto ont fait part « de toute urgence » de leurs préoccupations quant aux derniers travaux du Parlement européen. « Les propositions alarmantes et de dernière minute risquent de faire dérailler l’avenir du web 3 dans l’UE « , affirment-ils dans une lettre adressée aux ministres des Finances, commissaires et parlementaires européens.
Dans l’industrie crypto, deux siglaisons barbares donnent actuellement des cauchemars : MiCA et TFR. Deux références à des chantiers législatifs européens. Le premier porte sur le règlement pour le marché des crypto-actifs et le second sur les règles de transferts de fonds.
L’Union européenne, comme tout autre pays ou juridiction du monde entier, s’efforce d’apprivoiser l’écosystème qui a surgi avec le bitcoin. Mais les décideurs politiques de l’UE semblent vouloir emprunter un chemin réglementaire contrastant avec ce qui se discute ailleurs, aux États-Unis singulièrement.
Urgence et menaces
Les dernières propositions réglementaires menaceraient ni plus ni moins la vie privée, l’innovation numérique, la croissance et la création d’emplois en Europe, à en croire l’alerte lancée par la « communauté internationale du web 3 » à destination des dirigeants.
46 entrepreneurs et organisations de l’industrie blockchain ont adressé la semaine dernière une lettre conjointe aux différents ministres des Finances de l’Union, ainsi qu’à quatre commissaires européens. Cette missive que Business AM a pu consulter, dans laquelle les auteurs font part de leurs préoccupations et de leurs recommandations, sera d’ailleurs envoyée cette semaine à l’ensemble des parlementaires.
– all the 45 entrepreneurs who signed this letter: @Ledger, @_pgauthier, @StaniKulechov,@ambresoub, @followrene, @viewfromhk, @Bitstamp, @OliverBCB, @el33th4xor, @kasselman, @FrankSchuil ,@foy_anthony, @NEARProtocol, @mdomcahill, @jump_, @HiveBlockchain, @PhilippPieper … pic.twitter.com/UWltvydXDU
— Jean-Marie Mognetti (J2M) (@jmmognetti) April 19, 2022
Dialogue constructif
La « lettre industrielle » invoque une démarche positive et constructive avec les législateurs. Les cosignataires assurent apprécier les efforts réglementaires pour lutter contre la criminalité tout en promouvant la protection des consommateurs et de la stabilité financière.
Mais si les parlementaires assurent vouloir offrir de nouvelles opportunités aux citoyens et aux entreprises de l’UE sur Internet, les acteurs sectoriels signalent que les mesures proposées entrent en contradiction avec cet objectif.
« Les propositions alarmantes et de dernière minute concernant MiCA et TFR risquent de faire dérailler des années de travail préparatoire et l’avenir de web 3 dans l’UE », avertissent les auteurs. « Les propositions, en conduisant à la divulgation publique de toutes les transactions et des adresses des portefeuilles d’actifs numériques, mettront en danger tous les propriétaires d’actifs numériques ».
Adoptées en l’état, ces mesures risquent en effet d’alourdir excessivement toute initiative dans ce nouveau web décentralisé. Par conséquent, elles risquent aussi d’entraver le développement d’un segment naissant mais à forte croissance de l’économie européenne.
« Une Europe où le web 3 peut s’épanouir »
Les craintes formulées ne viennent pas seules, puisque la lettre épingle quelques conseils. La communauté crypto invite les décideurs européens à ne pas vouloir être plus catholiques que le pape, par exemple, en se conformant aux lignes directrices du GAFI en matière d’enregistrement et de vérification des fournisseurs de services liés aux actifs cryptos.
« Afin de préserver la vie privée des citoyens européens, d’assurer des conditions de concurrence équitables pour les entreprises européennes et de maintenir la compétitivité mondiale de l’UE », notent les signataires.
Les acteurs de cette nouvelle économie numérique comptent sur les dirigeants européens pour proposer « un accord visionnaire » sur le MiCA et la TFR.
« L’alternative aura un impact majeur et durable sur la compétitivité, l’innovation, la croissance et l’emploi dans toute l’UE. Construisons une Europe où le web 3 peut s’épanouir », ponctue la lettre conjointe.