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Le n°1 mondial des éoliennes replonge dans le rouge et avertit les autorités : « Les objectifs annoncés, ce n’est pas la réalité »

Le n°1 mondial des éoliennes replonge dans le rouge et avertit les autorités : « Les objectifs annoncés, ce n’est pas la réalité »
Henrik Andersen, CEO de Vestas. (Hollie Adams/Bloomberg via Getty Images, Patrick Pleul/picture alliance via Getty Images)

Cette semaine, Vestas a annoncé ses résultats financiers pour le deuxième trimestre 2023. Après un retour aux bénéfices lors des trois premiers mois de l’année, le géant de l’éolien affiche à nouveau des pertes – moins importantes que l’an dernier.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis plusieurs mois, le secteur européen de l'éolien fait grise mine. C'est particulièrement vrai pour les fabricants d'éoliennes, avec notamment Siemens Gamesa qui n'en finit pas de flancher. Si les déboires de l'entreprise espagnole sont en partie liés à des soucis qui lui sont propres, il n'empêche que d'autres problèmes plus structurels causent du tort à l'industrie.

Dans l’actu : Vestas à nouveau en perte.

  • Mercredi, Vestas a annoncé avoir subi des pertes pour les mois d’avril, mai et juin 2023.
  • Elles sont un peu moins élevées que celles du deuxième trimestre 2022. Mais dans la mesure où le fabricant danois avait renoué avec les profits lors du premier trimestre de cette année, ces résultats font tache.

Les détails : les chiffres à retenir.

  • Sur le deuxième trimestre, Vestas a affiché des pertes nettes de 115 millions d’euros.
    • C’est un peu mieux qu’il y a un an, où ce chiffre était de 119 millions d’euros.
    • Mais par rapport aux 16 millions d’euros de bénéfices nets enregistrés sur les trois premiers mois de 2023, c’est nettement moins bien.
  • Pour le chiffre d’affaires, Vestas annonce 3,43 milliards d’euros.
    • Là, c’est une progression tant par rapport au premier trimestre 2023 (2,83) que par rapport au deuxième trimestre de 2022 (3,3).
  • Au niveau du carnet de commandes, l’entreprise danoise dit avoir reçu des demandes d’éoliennes pour 2,333 MW entre avril et juin, pour une valeur de 2,5 milliards d’euros.
    • C’est 8% de plus qu’il y a un an sur la même période.
    • Et cela porte le total des commandes à honorer à un peu plus de 20 MW, pour une valeur de 20 milliards d’euros.

Vestas a décidé de maintenir ses prévisions annuelles : un chiffre d’affaires de 14 à 15,5 milliards d’euros. Cela peut paraître peu ambitieux, le chiffre d’affaires de 2022 ayant été de 14,48 milliards d’euros. Mais l’entreprise espère réaliser des bénéfices sur l’ensemble de l’année, notamment grâce à des prix plus élevés.

« Les problèmes sur la chaîne d’approvisionnement ne sont pas réglés »

Les commentaires : tout en retenue.

  • Dans son communiqué, le CEO de Vestas s’est montré plutôt satisfait du bilan de son entreprise à la moitié de l’année.
  • « Vestas a continué d’améliorer ses performances sous-jacentes au deuxième trimestre 2023 et, sur la base du premier semestre de l’année, nous restons sur la bonne voie pour atteindre nos perspectives financières pour 2023″, a commenté Henrik Andersen.
  • Mais il a également expliqué pourquoi ces prévisions restaient assez timides.
    • D’une part, même si elles s’atténuent, les perturbations sur la chaîne d’approvisionnement sont toujours bien là. « Nous prévoyons qu’elles se poursuivront tout au long du second semestre de l’année », a annoncé Andersen.
    • D’autre part, les obstacles règlementaires demeurent « un défi majeur pour accélérer la transition énergétique », a-t-il déploré.

En 2022, Vestas a subi des pertes nettes de plus d’1,5 milliard d’euros. « Incertitude géopolitique imprévue, inflation élevée et contraintes sur la chaîne d’approvisionnement », avaient été utilisées pour les justifier. Des facteurs qui sont loin d’avoir disparu aujourd’hui.

Ça ne tourne pas rond pour l’éolien européen

Zoom avant : Vestas se plaint du temps qu’il faut pour que les projets reçoivent le feu vert.

  • Dans une interview accordée au Financial Times, le patron de Vestas s’est épanché sur la lenteur des processus d’approbation des projets éoliens à travers le monde – un obstacle souvent dénoncé par le secteur.
  • Selon lui, il y a « presque eu un ralentissement » des approbations de nouveaux parcs éoliens au cours des derniers mois.
  • Pourtant, partout dans le monde, les déclarations d’intention des décideurs se multiplient.
    • « On dit beaucoup qu’on a besoin de plus, mais on en fait si peu », a déploré Andersen. « Les gens parlent d’objectifs comme s’ils étaient une réalité, mais ce n’est pas le cas – au cours des derniers mois, nous avons assisté à un ralentissement des autorisations plutôt qu’à une augmentation. »

Zoom arrière : un secteur en difficulté.

  • Les soucis de Vestas sont sans commune mesure avec ceux de Siemens Energy, dont la fil,. Cle éolienne (Siemens Gamesa) s’est récemment rendu compte que ses éoliennes souffraient de défauts de fabrication jusqu’alors sous-estimés. Les réparations devraient coûter 2,2 milliards d’euros ce qui, selon ses propres prévisions, fera perdre 4,5 milliards d’euros à l’entreprise sur l’ensemble de l’année.
  • Siemens Gamesa est pourtant un des leaders européens dans la fabrication d’éoliennes. Vestas, elle, est numéro un. L’entreprise danoise est aussi considérée comme la première mondiale, ou la deuxième, selon l’organisme qui fait le calcul.
  • Globalement, le secteur est en tout petite forme. Et il est inquiet. En avril dernier, WindEurope, une association représentant les intérêts de l’industrie européenne de l’éolien, a publié un rapport alarmant.
    • Il avertit du fait que, dès l’an prochain, la demande risquait de dépasser l’offre en matières premières et produits nécessaires au développement de nouvelles infrastructures.
      • Turbines, tours, fondations : c’est toute la structure des éoliennes qui est concernée, tant sur terre qu’en mer. Et offshore, on risque aussi bientôt de manquer de navires d’installation.
    • La lenteur des processus de délivrance de permis a également été pointée du doigt.
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