Le fabricant chinois d’éoliennes Goldwind s’intéresse de très près aux projets d’énergie renouvelable espagnols. Cela n’augure rien de bon pour les entreprises européennes… et c’est d’autant plus douloureux pour le fleuron espagnol du secteur, Siemens Gamesa.
Déjà dans de sales draps, Siemens Gamesa est maintenant attaqué sur son propre terrain par le n°1 chinois de l’éolien : « C’est très inquiétant »

Pourquoi est-ce important ?
Depuis de nombreux mois, les fabricants européens d'éoliennes tirent la sonnette d'alarme : ils n'ont pas les reins assez solides que pour suivre la cadence de la demande imposée par Bruxelles. Des cris qui arrivent rapidement aux oreilles de leurs rivaux chinois, qui accourent. Une dépendance de plus vis-à-vis de la Chine, est-on encore à ça près ?Dans l’actu : Goldwind arrive en Espagne.
- Selon les informations d’Invertia, Goldwind scrute le marché espagnol de l’éolien pour y acheter des projets.
- Les ambitions du fabricant chinois sont grandes : placer ses propres éoliennes en Espagne… et même y implanter ses propres usines.
Goldwind a dépassé Vestas en 2022
Le détail : c’est du sérieux… et c’est pour très bientôt.
- Une délégation de Goldwind est arrivée en Espagne à la mi-juillet. Elle est déjà entrée en contact avec divers promoteurs de projets de parc éolien. Des offres auraient même déjà été transmises, a appris Invertia.
- L’entreprise chinoise serait particulièrement intéressée par les projets « prêts à construire », qui disposent déjà des autorisations nécessaires. Il faut dire qu’en Espagne, il y a de quoi faire : les projets qui ont déjà reçu les feux verts représentent plus de 12 GW. Un chiffre qui passera à 20 GW lors des deux prochaines années.
- L’objectif est d’y implanter les turbines fabriquées en Chine par Goldwind… avant de probablement installer des usines directement en Espagne.
Les explications : les fabricants chinois progressent à pas de géant.
- Selon le journal économique espagnol, Goldwind n’est pas insensible aux aides proposées par le Green Deal européen, qui vise à pousser l’Union européenne à accroître la fabrication sur ses terres du matériel nécessaire à la transition énergétique, dont toutes les pièces des éoliennes.
- « C’est très inquiétant, car dès qu’ils achèteront des projets, ils voudront y installer leurs machines, ce qui réduira la part de marché des fabricants européens d’éoliennes« , estime un représentant du secteur éolien espagnol interrogé par Invertia.
- Il y a quelques années, le coût du transport par bateau des turbines en provenance de Chine et la faible qualité de leurs produits ne les rendaient pas attrayants pour les développeurs européens, mais aujourd’hui leurs prix sont bien inférieurs à ceux des fabricants européens et leur qualité s’est considérablement améliorée », souligne un autre.
Goldwind sur les plates-bandes de Siemens Gamesa
Le contexte : Siemens Gamesa, symbole d’une industrie européenne en difficulté.
- Goldwind est récemment devenu le plus grand fabricant d’éoliennes au monde.
- Selon les chiffres de BloombergNEF, l’entreprise chinoise a fourni pour 12,7 GW de projets éoliens en 2022. De quoi ravir la première place à la danoise Vestas et ses 12,3 GW.
- Six des dix premières entreprises de ce classement sont chinoises.
- Créée en 1998, Goldwind doit surtout son leadership « mondial » aux turbines qu’elle écoule en Chine. Près de 90% des projets auxquels elle a contribué l’an dernier étaient situés en Chine.
- Mais Goldwind a de plus en plus soif de conquérir d’autres marchés, d’autant plus que sa principale rivale chinoise (Envision) semble l’avoir devancée sur ce terrain, notamment via de juteux contrats décrochés en Inde et au Moyen-Orient, explique Recharge.
- L’Espagne, deuxième pays d’Europe en termes de puissance éolienne installée, pourrait constituer un excellent terrain pour commencer son implantation à l’étranger.
- Dans le même temps, si ses projets se concrétisent, Goldwin va donner un nouvel uppercut à Siemens Gamesa, l’un des plus grands fabricants européens d’éoliennes, basé à Bilbao.
- Le mois dernier, le CEO de Siemens Gamesa a annoncé devoir reconnaître que les éoliennes de son groupe étaient de bien moins bonne qualité que prévu.
- Ces défaillances demandant des coûts de réparation de plus d’un milliard d’euros, Siemens Energy, sa maison mère, a dû faire une croix sur ses prévisions de bénéfices pour 2023.
- Une annonce qui n’a pas été pardonnée par les investisseurs… et qui a mis un peu plus en lumière la situation inquiétante dans laquelle se trouve l’ensemble des fabricants européens d’éoliennes.
- Notons enfin que Siemens Gamesa est déjà inquiété sur ses terres par un autre acteur chinois : China Three Gorges (CGT) a débarqué en Espagne en 2020, d’abord avec des investissements dans le photovoltaïque, mais également ensuite via le secteur éolien.