Entreprendre au temps du coronavirus: 6 conseils pour les scale-ups

‘Ce n’est pas le moment de changer de modèle économique’. Voici l’un des conseils que les scale-ups belges, ces entreprises en croissance qui ont dépassé le stade du démarrage, reçoivent de leurs investisseurs.

Le cabinet de conseil Deloitte et la fédération des entreprises technologiques Scale-ups.eu ont interrogé 19 investisseurs sur l’impact de la crise du coronavirus sur les scale-ups. Ces entreprises en croissance sont à bien des égards l’avenir de notre économie. Elles ont dépassé la phase de démarrage, ont déjà fait leurs preuves sur le plan commercial et travaillent souvent avec des technologies innovantes.

Bonne nouvelle: les investisseurs interrogés – des sociétés de capital-risque telles que Volta Ventures, Down2Earth ou Capricorn – prévoient toujours d’investir dans des projets de grande envergure, même en dehors de leur portefeuille d’entreprises actuel. Mais il est pratiquement certain que les scale-ups auront du mal à se développer au cours des mois à venir. ‘Ça va être une lutte darwinienne.’

Ils donnent à ‘leurs’ entrepreneurs les conseils suivants:

1. Ne boudez pas le modèle économique

La crise du coronavirus peut inciter les jeunes entreprises à repenser tout leur modèle d’entreprise et à envisager d’autres activités. Dans le jargon des entreprises, on appelle cela ‘pivoter’. ‘Ne le faites pas’, recommandent les investisseurs. ‘De petits ajustements des produits sont possibles, mais ce n’est pas le moment de procéder à une réorientation stratégique complète.’

2. LE marché en croissance: les services numériques aux entreprises

Ce n’est probablement pas un hasard si l’un des deals financiers les plus notables du mois écoulé concerne une scale-up qui propose un logiciel de comptabilité dans le cloud: la Gantoise Silverfin vient en effet de lever 30 millions de dollars. À cause de la crise du coronavirus, les outils et services numériques destinés aux entreprises – avec plus de télétravail et de contacts à distance – sont devenus un marché en croissance encore plus important qu’auparavant, confirment les investisseurs. Ils ont constaté que les scale-ups qui fournissent des logiciels d’entreprise cruciaux n’ont pratiquement pas perdu de clients durant la crise.

3. Pensez local

Jusqu’à récemment, il était souvent conseillé aux scale-ups d’élaborer immédiatement des plans européens, voire mondiaux. Mais la crise du coronavirus entraîne des ‘relocalisations’ dans de nombreux secteurs, notamment la grande distribution et les fournitures médicales, avec une importance accrue pour les chaînes d’approvisionnement plus courtes en Europe. ‘De nouvelles opportunités à un niveau plus local apparaissent déjà pour les scale-ups, car les entreprises bien établies sont désormais confrontées à de nouveaux défis dans leur chaîne d’approvisionnement’, affirme Bruno Vandegehuchte de Scale-Ups.eu.

4. N’oubliez pas les clients

Au début de la crise du coronavirus, les entrepreneurs se sont immédiatement concentrés sur la gestion de la trésorerie, le contrôle des coûts et les conséquences pour le personnel. ‘Malgré la réorganisation en interne, n’oubliez pas le contact avec l’extérieur, les clients’, soulignent les investisseurs. Dénicher de nouveaux clients est l’un des plus gros problèmes du moment, constatent-ils dans les entreprises de leurs portefeuilles.

5. Envisager un redémarrage plus long

Les prochains mois seront particulièrement difficiles pour les scale-ups qui reposent sur de longues phases de recherche et développement. Koen Vandaele, de Deloitte Belgique: ‘La feuille de route technologique a été retardée pour certaines entreprises, plus particulièrement celles spécialisées en R&D, où les retards pris sont souvent de trois à six mois. Les entreprises de medtech et de biotech se heurtent au fait que les régulateurs américains et européens donnent la priorité aux projets Covid-19.’

Les investisseurs, souvent eux-mêmes ex-entrepreneurs, s’impliquent donc davantage dans la gestion de ‘leurs’ entreprises et, dans certains cas, proposent même des prêts d’urgence.

6. Échanges de personnel

‘La survie du plus fort’. C’est ainsi que les investisseurs décrivent les mois à venir. Les scale-ups les faibles ne survivront probablement pas, ‘mais cela aurait également pu être le cas sans la crise du coronavirus’. La lutte pour la survie ne signifie pas pour autant que les entreprises doivent se bousculer les unes les autres. Au contraire, les investisseurs vont encourager la collaboration et les alliances au sein de leurs portefeuilles. Cela peut même conduire à des échanges de personnel. Vandegehuchte: ‘Certains investisseurs recherchent déjà activement des collaborations au sein de différents portefeuilles. De cette façon, les scale-ups peuvent se renforcer mutuellement’.

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