Entre ambitions internationales et relocalisation: la Wallonie sort ses plans

‘La Wallonie est plus proche du communisme que d’un régime néo-libéral’ : cette sortie caricaturale du gouverneur de la Banque Nationale, Pierre Wunsch, a fait bondir la classe politique wallonne, surtout à gauche, il est vrai. C’est que l’image d’une Wallonie subventionnée est tenace. Mais face à la crise, la Wallonie sort ses plans. Davantage qu’une ritournelle ?

‘Get up Wallonia!’ : le nouveau plan de la Wallonie a pour but de ‘créer une dynamique intense et cohérente pour dessiner, ensemble, l’avenir de la Wallonie et des citoyens qui y vivent’.

Exit les plans Marshall successifs. La Wallonie se lève, en tout cas, elle envisage de le faire. Face à la crise sanitaire et aux défis à venir, Elio Di Rupo (PS) a présenté une feuille de route qui met en place trois task forces: une économique, une sociale et une qui se penchera sur l’environnement et le territoire.

Ces groupes de travail seront composés de gens du terrain, de CEO, de représentants des travailleurs… auxquels viendra se greffer un consultant ‘d’envergure internationale’. Il sera chargé de pointer du doigt ‘les forces et les faiblesses’ de la Wallonie. Pour reléguer définitivement au passé son statut de région à la vieille industrie.

Le tout doit faire rapport ‘dans les six mois’. Trop tardif pour l’opposition, pour qui il ne faut pas rater le train européen en marche (plan de relance à 750 milliards et Green Deal). Il ne faut pas se planter, rétorque le ministre de l’Economie Willy Borsus (MR): ‘Nos choix seront cruciaux.’

Economie circulaire

Le ministre va également présenter ce vendredi sa stratégie d’économie circulaire que La Libre a déjà pu consulter. La Wallonie repliée sur elle-même ? Non. Selon le ministre, de nouveaux modèles économiques apparaissent de plus en plus clairement après la crise: entre le local et l’international.

Les entreprises wallonnes doivent ‘se positionner en pionnières sur le marché belge et européen, voire mondial’, tout en impliquant une dynamique locale. Privilégier la consommation de ressources locales, la réduction des déchets, le recyclage, la réutilisation…

Sans oublier la numérisation. La Wallonie a du retard, mais a mis en place depuis 2017 une stratégie pour aider les entreprises à passer au numérique. Notamment le secteur industriel sous la houlette de Digital Wallonia. Le ministre de l’Économie l’a assuré : cette stratégie sera poursuivie dans le plan ‘Get Up Wallonia’. Pour mettre en place les usines du futur.

Les échéances

La crise est là, maintenant, et pas dans dix ans. C’est pourquoi le gouvernement entend agir en plusieurs phases. Le plan ‘Get Up Wallonia’ à long terme, le plan de l’économie circulaire à moyen terme, et les mesures de soutien aux entreprises et la gestion de la crise sanitaire à court terme.

Sans oublier, dès ce mois de juillet, l’ajustement budgétaire de 2020. Selon le ministre du Budget, Jean-Luc Crucke (MR), les besoins de financement sont couverts pour cette année, autour des 4 milliards d’euros supplémentaires. Il s’agira dans le futur de se dégager une marge, pour pouvoir mettre en place ces fameux plans.

Pas de caricatures

La sortie du gouverneur de la Banque Nationale a fait bondir les socialistes. ‘On est probablement à 70 % de dépenses publiques en Wallonie pour 2021- 2022. Ça veut dire qu’on sera plus proche d’un régime communiste que d’un régime néo-libéral que d’aucuns décrient. Ce n’est pas une situation unique, cela existe ailleurs comme en France. Si on ne prend pas conscience que la structure économique n’est pas autoportante, on passe à côté d’un débat sur la restructuration de l’économie.’, estimait-il dans la revue de l’UCLouvain.

La Wallonie, si elle conserve un retard conséquent sur la Flandre, va mieux. Comme l’indiquait l’IWEPS (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique) dans son rapport de 2019. Elle notait ‘notamment la bonne tenue de l’emploi et de la situation financière des ménages en Wallonie.’ 2019 était également une année record en termes d’investissements étrangers, avec près de 2 milliards d’euros.

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